Dopage , le CIO doit se prononcer sur la participation de la Russie aux JO de Rio

Dopage , le CIO doit se prononcer sur la participation de la Russie aux JO de Rio

La Russie pourra-t-elle finalement participer aux Jeux olympiques de Rio, qui débutent le 5 août ‘ Le Comité international olympique (CIO) doit en décider mardi 19 juillet, au lendemain de la publication d’un rapport accablant de l’Agence mondiale antidopage (AMA) sur le dopage. Cette sanction, sans précédent dans l’histoire olympique, devrait être envisagée par la commission exécutive du CIO, réunie par téléconférence à partir de midi, sous la présidence de Thomas Bach à Lausanne.

Selon ce dernier, les conclusions du rapport Mc Laren « font état d’une atteinte choquante et sans précédent à l’intégrité du sport et des Jeux olympiques ». Et de prévenir : « Le CIO n’hésitera pas à prendre les sanctions les plus sévères qu’il puisse infliger à toute personne ou organisation impliquée. »

L’AMA réclame l’exclusion de la Russie

L’Agence mondiale antidopage a rendu public lundi le rapport de 97 pages du juriste canadien Richard McLaren sur les accusations de dopage organisé qui s’accumulent depuis des mois à l’encontre du sport russe et en particulier de l’athlétisme, dont la fédération est toujours sous le coup d’une suspension de la part de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF).

Lire aussi :
 

JO de Rio : les agences antidopage américaines veulent exclure totalement la Russie

Sur la base de ce rapport, l’agence a aussitôt appelé à l’exclusion de la Russie des JO 2016 et de tous les événements internationaux : « L’AMA appelle le mouvement sportif à empêcher la participation des athlètes russes aux compétitions internationales, y compris les JO de Rio, tant que [la Russie] n’aura pas réalisé un changement de culture. » Cette sanction, recommandée notamment par le comité olympique allemand et plusieurs agences nationales de lutte contre le dopage, est également espérée par des représentants des athlètes au sein du CIO, pour qui l’instance internationale joue sa crédibilité.

Le président de l’AMA, Craig Reedie, a également exhorté la Russie à limoger les responsables mis en cause lundi dans le rapport. C’est selon lui la condition minimale pour envisager la restitution de l’accréditation de l’Agence antidopage russe.

Moscou a aussitôt dénoncé « une ingérence dangereuse » de la politique dans le sport et évoqué le scénario d’une nouvelle guerre froide, sportive cette fois.

Le Kremlin a néanmoins tenu compte des recommandations de l’AMA et promis de suspendre tous « les responsables mis en cause » par le rapport McLaren, dont le vice-ministre des sports, Iouri Nagornykh, l’homme-clé du système russe, nommé à l’origine par Vladimir Poutine.

A Rio, le ministre des sports brésilien, Leonardo Picciani, lui, veut encore croire que « tous les pays et les athlètes pourront être présents ».

Une porte de sortie diplomatique est aussi envisageable, en permettant aux athlètes qui peuvent prouver qu’ils n’ont pas bénéficié du système de dopage d’Etat de participer aux JO sous drapeau neutre. En clair, le Comité olympique russe pourrait être suspendu mardi, mais ses sportifs autorisés à présenter leur dossier, au cas par cas.

« Aide active du FSB »

Le rapport McLaren, qui s’est particulièrement intéressé aux Jeux olympiques de Sotchi, en février 2014, dénonce un « système de dopage d’Etat sécurisé », « dirigé, contrôlé et supervisé » par le ministère des sports russe, « avec l’aide active du FSB, les services secrets russes ». Il estime ainsi que les laboratoires antidopage de Moscou et de Sotchi ont protégé les sportifs russes dopés pendant les Jeux.

Le texte évoque trente sports gangrenés par ce système, au premier rang desquels figurent l’athlétisme et l’haltérophilie, mais aussi la lutte, le canoë, le cyclisme, le football et le patinage, entre autres.

Ce rapport avait été commandé en mai par l’AMA à la suite des accusations de l’ancien patron du laboratoire russe antidopage Grigori Rodtchenkov concernant un système de dopage organisé lors des Jeux de Sotchi. M. Rodtchenkov avait décrit dans les colonnes du New York Times les stratagèmes mis en place pour déjouer les contrôles. Un système qui aurait profité à « 15 médaillés olympiques » russes.

Lire aussi :
 

Dopage : enquête sur un labo au-dessus de tout soupçon

Le système « permettait aux athlètes russes de participer à des compétitions malgré l’utilisation de produits dopants », conclut le rapport. Evoquant le cas des Jeux de Sotchi, l’enquête démontre qu’entre le 10 septembre et le 10 décembre 2014, soit la période précédant les Jeux, quand sont pratiqués les contrôles ciblés, les échantillons stockés dans le laboratoire de Moscou ont été échangés. Selon le rapport, au moins 8 000 échantillons des JO 2014 ont ainsi été détruits, avec l’appui « des magiciens du FSB [les services secrets] ».

« Système d’escamotage » instauré dès 2011

Ce « système d’escamotage des échantillons positifs » aurait été instauré dès 2011 par la Russie et aurait duré jusqu’en août 2015, au bénéfice d’athlètes russes de nombreux sports olympiques d’été et d’hiver lors de compétitions internationales organisées en Russie.

En ce qui concerne l’athlétisme, des échantillons issus des contrôles antidopage des Mondiaux d’athlétisme de 2013 à Moscou ont eux aussi été échangés, avant que l’IAAF ne les récupère pour les analyser. « A la fin des Mondiaux de Moscou, le laboratoire [de Moscou] a mis de côté des échantillons positifs qui devaient être échangés, puis a enlevé les bouchons [de ces échantillons] et a remplacé l’urine sale avant que les échantillons propres ne soient envoyés à un autre laboratoire, sur instruction de l’IAAF », pointe le rapport.

A Sotchi comme aux Mondiaux d’athlétisme de Moscou, la Russie avait terminé en tête du tableau des médailles, avec 33 récompenses dont 13 en or en 2014, et 17 dont 7 en or un an plus tôt.

Leave A Reply