Donald Trump continue de régler ses comptes avec la presse sur Twitter

Donald Trump continue de régler ses comptes avec la presse sur Twitter

Le nouveau président américain se considère comme son propre média. Il semble peu enclin à faire la moindre faveur aux médias établis qui annonçaient sa défaite.

Le Monde
| 16.11.2016 à 17h44
Mis à jour le
16.11.2016 à 17h48
|

Par Luc Vinogradoff

On pourrait commencer à croire que Donald Trump, un homme qui a gravité depuis plusieurs décennies dans les plus hautes sphères de New York, est légèrement obsédé par l’image de lui-même que lui renvoie le principal journal de la ville.

Le New York Times était, pour le Donald Trump candidat, l’illustration de la presse libérale « mainstream » qui voulait sa perte. Quelques jours après son élection, et la promesse de se calmer sur Twitter après une utilisation très « trollesque » pendant la campagne, le nouveau président américain réservait ses premiers tweets revanchards pour’ le New York Times, qui n’avait pas vu venir sa victoire et dont les récents articles lui déplaisaient visiblement.

Il faut peut-être s’habituer à ce genre d’engueulades de cour de récré sur Twitter, très peu présidentielles mais très « trumpiennes » dans la forme.

Dans les premières heures du 16 novembre, le nouveau président des Etats-Unis a encore pris le temps d’écrire cinq tweets à propos d’un article du’ eh oui, du New York Times, qui parlait de « désarroi » et de « démissions » au sein de son équipe au moment du passage de pouvoir avec celle de Barack Obama.

« L’article du défaillant@nytimes sur la transition est tellement complètement faux. Ça se passe sans incidents. Et, j’ai parlé à plusieurs dirigeants étrangers. »

Comme s’il s’agissait de la continuation du jeu de téléréalité dont il a été le patron, Donald Trump a aussi écrit que le processus de désignation de son futur cabinet était « très organisé » et qu’il était « le seul à savoir qui seront les finalistes ! ».

Les réponses des journalistes du New York Times chargés de la Maison Blanche étaient factuelles et ironiques, ton de rigueur de Twitter :

« Juste une idée un peu folle : peut-être que si@realDonaldTrump voulait démentir les articles sur une transition chaotique, il pourrait tenir une conférence de presse. »

Quel rapport aux médias quand on est son propre média ‘

Ce dialogue, sans filtre, pointilleux et très peu « présidentiel » entre Donald Trump et les journalistes censés le couvrir est dans la continuité de ce qui s’est passé pendant toute la campagne. Ceux qui pensaient que le candidat abrasif deviendrait miraculeusement un président assagi prenaient leurs désirs pour des réalités.

Fortune le dit très bien dans un article très peu optimiste pour les confrères censés couvrir la Maison Blanche dans les prochaines années :

« A quoi ressemble le futur ‘ A une bataille rangée entre un homme qui a su gagner en suivant ses propres règles médiatiques, et une presse traditionnelle qui a perdu une grande partie de son pouvoir. »

Donald Trump, qui se considère comme son propre média, semble peu enclin à faire la moindre faveur aux médias établis. Il n’est même pas encore investi et la bataille a déjà commencé.

Au-delà des tweetclashs matinaux, le président élu a déjà pris l’habitude de se déplacer sans prévenir le « press corps » de la Maison Blanche, que ce soit pour revenir de Washington DC à New York, ou simplement pour aller dîner. Ça peut paraître anodin, mais la tradition veut que l’équipe présidentielle tienne la presse au courant de chaque déplacement, ne serait-ce pour que, comme le dit la White House Correspondents Association, le grand public puisse savoir « où se trouve le président en cas de crise nationale ».

Plusieurs journalistes craignent que ne pas prévenir la presse de ses déplacements pourrait n’être que la première étape d’une mise à l’écart plus conséquente. Certains y voient « une tendance à limiter l’accès à la presse et à ne pas respecter les principes de base de la liberté de la presse ».

« Qui ferait confiance à la couverture politique du New York Times’ ‘ »

Le rapport de force dépasse la seule couverture et entre dans le terrain de la crédibilité. Celle des grands journaux américains qui n’ont pas vu venir la victoire de Trump est bien ternie aux yeux du grand public.

Les proches du nouveau président tentent de capitaliser là-dessus. Newt Gingrich, président de la Chambre des représentants dans les années 1990, a écrit sur Fox News une lettre ouverte au’ au New York Times (forcément) pour leur rappeler « leur couverture inexorablement hostile de Trump et de ses partisans » et leur demander de se remettre en question. Autrement, « qui ferait confiance à la couverture politique du New York Times ‘ »

Au quotidien new-yorkais, comme dans d’autres publications, on se rassure en se disant que dans le climat actuel, les lecteurs seront d’autant plus demandeurs d’information et d’investigation. Le New York Times a assuré que depuis le jour de l’élection, « les abonnements print et numériques ont été quatre fois supérieures à la normale ». C’était, là encore, en réponse à un tweet accusateur du président des Etats-Unis, Donald Trump.

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