Désavouée par son conseil la maire priée de démissionner

Le spectacle ne se jouait pas à l’espace Gérard-Philipe ce lundi soir, mais dans le bâtiment voisin. À la mairie. Le public finésien, extrêmement nombreux, a assisté à une tragi-comédie qui avait comme personnage principal Chantal Lépinoy. Le texte de l’édile finésienne avait été réduit à sa plus simple expression par les adjoints qu’elle a déchus en août, et par leurs soutiens. Mais elle était au centre de tout. Parce que soucieux de répondre aux accusations que la maire avait proférées à leur encontre, ils se sont accaparé la parole. Imperturbables, ils ont lu leur texte, laissant sourdre une colère trop longtemps contenue. Impassible devant ce grand déballage public, Chantal Lépinoy a tenté d’écourter les allocutions jusqu’à faire couper le micro ! mais les colistiers d’hier, acclamés par les spectateurs, tenaient à mener jusqu’au bout leur mission.

Consternation

Ignorée, Chantal Lépinoy ne parvenait pas à faire respecter son autorité de maire, quand ces élus indignés l’accusaient justement d’avoir fait preuve « 
d’autoritarisme
 » depuis son élection.

Soucieuse de ramener l’ensemble des projets de l’équipe municipale au centre des débats, Solange Moore, adjointe bannie, s’est inquiétée du devenir de la maison médicale qu’elle suivait de près : « 
L’Agence régionale de santé va-t-elle continuer à soutenir un projet piloté par une municipalité où la maire a retiré la délégation de l’adjointe en charge du dossier ‘
 » Rare moment où les conflits de personnes irréconciliables ont été vus sous le prisme de l’intérêt communal.

« 
Consternés
 » par la teneur des débats, les chefs de files des deux listes d’oppositions, Patrick Leduc et Jean-Luc Sporta, ont regardé de loin la majorité s’entre déchirer. « 
Ce climat délétère dont je vous rends responsables, vous madame le maire, et vous monsieur le 1er adjoint (Jean-François Lemaître) nous conduit dans l’impasse la plus totale, a soutenu Patrick Leduc. J’invite le préfet à tenter une conciliation. En cas d’échec, il lui appartiendra d’envisager la dissolution du conseil municipal.
 »

Finalement, les élus déchus ont été maintenus dans leurs fonctions, à la majorité des suffrages (lire ci-contre). Désavouée par son conseil, et même huée par quelques personnes dans le public, Chantal Lépinoy est apparue esseulée. Aucun de ses soutiens n’a pris la parole pour la défendre. Le visage toujours impassible, Chantal Lépinoy a tiré le rideau d’un conseil qui se refermait sur elle. Avant que Rédoine Abdoune ne tienne à dresser « 
un constat dramatique de la situation
 ». Soutien de Jean-François Lemaître, cet adjoint finésien a demandé calmement « 
la démission
 » de C. Lépinoy. « 
Ce n’est pas une décision à prendre à la légère, a-t-elle répondu. Je consulterai les gens qui m’ont soutenue et on rendra notre décision dans quelques jours.
 »

Le vote

Pas de consigne de vote pour l’opposant, Patrick Leduc. Jean-Luc Sporta a prôné, lui, l’abstention.

Maintien du 1er adjoint Jean-François Lemaître : 15 pour, 9 contre ; de l’adjointe à la santé, Solange Moore : 19 pour, 6 contre ; de l’adjointe à la culture, Viviane Stankovic : 19 pour, 7 contre.

Pourquoi un tel déballage’

Outrés par la décision de Chantal Lépinoy de leur retirer leurs délégations, les adjoints déchus ont sorti l’artillerie lourde pour lui répondre. Problème : la forme choisie a complètement occulté le fond. Était-il nécessaire de laver son linge avec les Finésiens ‘ « 
Ce genre de déballage public ne me satisfait pas, concède Jean-François Lemaître. Mais on lui (Chantal Lépinoy) a proposé d’échanger. Elle
a toujours refusé.
 »

Dans le public, certains ont été choqués par le niveau des débats, quand d’autres ont approuvé la méthode. Un proche de Jean-François Lemaître résume la situation ainsi : « 
Ils se sont rabaissés au même niveau qu’elle. C’était nécessaire, je pense.
 » En conclusion, personne n’en sort grandi.

Leave A Reply