Des émirs à vélo Pinot au Giro et Thierry Adam au placard’ le cyclisme va changer en 2017

Des émirs à vélo Pinot au Giro et Thierry Adam au placard' le cyclisme va changer en 2017

La saison sur route a repris mardi en Australie avec un peloton chamboulé, de nouvelles têtes et des objectifs renouvelés pour certains grands noms.

Le Monde
| 18.01.2017 à 09h44
Mis à jour le
18.01.2017 à 10h52
|

Par Clément Guillou

Si vous n’aimez pas le vélo, la trêve vous aura forcément semblé trop courte. Si vous aimez le vélo, vous ne l’avez même pas vu passer, puisque vous avez suivi les aventures de l’équipe Sky au pays du Vidal et des contre-vérités, les duels belgo-batave en cyclo-cross.

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Quoi qu’il en soit, les routiers ont repris la compétition dès mardi 17 janvier en Australie et composent un peloton sens dessus dessous au « Down under Tour », première étape du calendrier du World Tour. Heureusement, nous vous avons préparé un pense-bête pour vous y retrouver.

Christopher Froome est toujours favori du Tour

Certaines choses ne changeront jamais, ou alors pas tout de suite. Cette année, Christopher Froome sera toujours grand favori du Tour de France, qui s’élancera d’Allemagne. Peu importe que le parcours ne fasse pas la part belle aux contre-la-montre ou que son équipe soit prise dans une tempête médiatique en Grande-Bretagne.

La Sky, qui avait cadenassé le Tour de France l’an dernier, a conservé ses meilleurs éléments, à l’exception du Tchèque Leopold König, de retour dans son ancienne équipe allemande. A la place, un Italien inconstant mais capable d’exploits physiques, au patronyme sorti d’une telenovela : Diego Rosa.

Surtout, le Colombien Nairo Quintana, qui avait pris une claque sur le Tour de France 2016  une troisième place presque miraculeuse ‘, s’alignera sur le Tour d’Italie avant de venir en France. Le meilleur moyen de rater les deux ‘

Quant à Romain Bardet, il est resté modeste dans ses objectifs évoqués à l’intersaison et n’envisage pas de lutter pour le maillot jaune pour l’instant, conscient que la marche est particulièrement haute. Le parcours, qui offre des étapes piégeuses et des pentes raides, semble toutefois taillé pour ses qualités.

Parmi les deux autres anciens vainqueurs du Tour encore en activité (depuis la retraite de Bradley Wiggins), seul Alberto Contador, qui devra se familiariser avec sa nouvelle équipe Trek-Segafredo, devrait être au départ.

Un Giro à l’accent franc-comtois

Pour la première fois depuis 1999  un siècle, donc ‘, un coureur français devrait prendre le départ du Tour d’Italie avec de légitimes ambitions : Thibaut Pinot, dont l’élan du printemps 2016 avait été coupé sur le Tour de France, ira découvrir le deuxième grand tour à l’occasion de sa centième édition.

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Le grimpeur franc-comtois de la FDJ préfère ne pas en parler, mais le podium est largement à sa portée. Même si l’adversité sera forte : Vincenzo Nibali, vainqueur l’an passé, en a fait son objectif de l’année, et Fabio Aru, Rafal Majka, Mikel Landa, Tejay Van Garderen ou Bauke Mollema sont autant de prétendants crédibles au maillot rose.

Révisez vos classiques

Rarement vélo aura fait autant parler de lui. Celui de Fabian Cancellara est désormais au clou, sans que le doute sur la présence d’un moteur dans son cadre, lors de son doublé Tour des Flandres – Paris-Roubaix, ait jamais été levé.

Son alter ego Tom Boonen le suit de près, puisqu’il a prévu de mettre un terme à sa carrière en avril, après Paris-Roubaix. Il tentera de battre le record de victoires dans la classique pavée, après l’immense déception de sa deuxième place l’an passé.

La relève, elle, change de maillot, puisque le Belge Sep Vanmarcke passe chez Cannondale, le Néerlandais Lars Boom le remplace chez Lotto NL-Jumbo, l’Allemand John Degenkolb s’exile chez Trek-Segafredo et le champion du monde Peter Sagan rejoint une équipe allemande, Bora-Hansgrohe. Les premiers fabriquent des plaques de cuisson, les deuxièmes des robinets, mais c’est Sagan le chef et son fabricant de vélo, Specialized, qui contrôle l’arrière-cuisine. Le sponsor américain a financé l’arrivée de la star, elle-même venue avec ses coéquipiers, ses directeurs sportifs, son masseur et son attaché de presse.

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Même bouleversement chez les spécialistes des classiques ardennaises : l’ancien champion du monde Philippe Gilbert rentre au pays, chez Quick-Step, tandis que la valeur montante Michael Matthews quitte le sien pour devenir leader chez Sunweb (ex-Giant).

Exit les hommes d’affaires, bonjour les émirs

Dehors Oleg Tinkov, le milliardaire russe qui faisait marrer tout le monde sauf ses coureurs  et ceux qui prenaient au sérieux ses propos à l’emporte-pièce sur l’avenir du vélo. L’homme d’affaires aux coupes de cheveux évolutives a fermé boutique, lassé de gaspiller une fortune déjà réduite par la crise monétaire russe.

Au revoir aussi au gestionnaire de fonds Michel Thétaz, propriétaire de l’équipe suisse IAM, qui s’est mise à tout gagner quand sa fin a été annoncée  un classique, tous ses coureurs ayant besoin de trouver un nouveau contrat.

Adieu enfin au génial Marc Coucke, fortune de la parapharmacie belge et cosponsor de l’équipe Quick-Step, qui changeait donc de nom chaque année (Quick-Step-Davitamon, Omega Pharma-Quick Step et Etixx-Quick Step). Pas sûr que le cyclisme retrouve rapidement un propriétaire d’équipe qui « danse » sur un morceau de techno flamande composé à sa gloire.

La mode du peloton 2017 est plutôt au qamis, tenue traditionnelle du Golfe, puisque les deux nouveaux sponsors d’équipes du World Tour (le premier échelon mondial) s’appellent « UAE Abu Dhabi » et « Bahreïn ».

Derrière la première équipe, aux couleurs des Emirats arabes unis, se trouve un homme d’affaires d’Abou Dhabi membre du Conseil national fédéral de l’émirat et dont le nom apparaît dans les « Panama papers ». Il s’est associé à Mauro Gianetti, un nom qui évoque les pires années du cyclisme, pour reprendre l’équipe italienne Lampre, qui allait disparaître. Réjouissant.

Presque autant que l’équipe Bahrain-Merida, fondée par un jeune prince de Bahreïn passionné de cyclisme et de chevaux. L’un des sept fils du roi Hamed Al-Khalifa est accusé d’avoir participé à la répression du soulèvement politique de 2011. Cela n’a pas empêché Vincenzo Nibali d’aller chercher fortune auprès de son ami ni l’Union cycliste internationale de lui accorder une licence pour le World Tour.

Des nouveaux noms à connaître

Vous ne connaissez pas la Cadel Evans Great Ocean Road Race, le Tour d’Abou Dhabi, la RideLondon & Surrey Classic ou le Tour de Guangxi ‘ C’est normal. Pourtant ces courses font partie des 10 nouvelles épreuves inscrites au calendrier du World Tour. Concrètement, cela signifie qu’elles rapporteront plus de points au classement mondial  dont le barême a évolué mais demeure absurde ‘ que les classiques centenaires Paris-Tours ou Milan-Turin.

Sur la route, vous allez aussi apprendre à découvrir les nombreux nouveaux visages du peloton : parmi l’ensemble des transferts réalisés à l’intersaison dans le World Tour, 42 % concernent des coureurs n’ayant jamais couru à ce niveau, selon L’Equipe. La conséquence d’un nombre important de retraités : 37, dont le Français Jean-Christophe Péraud, l’Espagnol Joaquim Rodriguez ou le Canadien Ryder Hesjedal.

Si vous êtes frimeur, voici quelques noms à glisser à votre voisin avant que la saison s’emballe vraiment : David Gaudu (France, FDJ, 20 ans), Tao Geoghegan Hart (Grande-Bretagne, Sky, 21 ans, prononcer « Tayo Gaygan Hart »), Mads Würtz Schmidt (Danemark, Katusha, 22 ans) ou Robert Power (Australie, Orica-Scott, 21 ans).

Regarder du vélo reviendra moins cher

Entre Eurosport et BeIN Sport, regarder du cyclisme à la télé coûtait ces dernières années de plus en plus cher. La chaîne qatarie ayant cédé la grande majorité de ses droits en même temps que le royaume arrêtait de financer sa course cycliste, le vélo sur canapé devient moins dispendieux.

La chaîne gratuite de L’Equipe a récupéré les droits des courses de l’organisateur italien RCS, dont le Tour d’Italie, et fait du cyclisme l’un de ses deux piliers  avec le biathlon ‘, convaincue par les audiences obtenues l’an dernier.

Dans le même temps, France Télévisions semble mettre de côté Thierry Adam en recrutant le commentateur du cyclisme  notamment ‘ sur Eurosport, Alexandre Pasteur. La nouvelle a été accueillie par un concert de klaxons sur les réseaux sociaux, si tant est que cela existe. Mais la diffusion de toutes les étapes du Tour de France dans leur intégralité cet été pourrait permettre la cohabitation des deux hommes à l’antenne, à moins qu’Alexandre Pasteur ne soit particulièrement endurant.

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