Crise du lait, l’accord trouvé avec Lactalis a encore un petit goût amer

Crise du lait, l'accord trouvé avec Lactalis a encore un petit goût amer

Le bras de fer engagé entre les producteurs laitiers et le géant mondial laitier Lactalis (dont le site de Laval était bloqué depuis une semaine) a finalement porté ses fruits.

Hier, un accord a été trouvé avec les syndicats agricoles FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles) et JA (Jeunes agriculteurs). Il a été décidé d’un prix du lait à 290 euros la tonne pour les prochains mois, contre les 256,90 euros actuellement pratiqués par Lactalis, un des prix les plus bas du marché.

Le prix du lait pour août sera de 280 euros la tonne et augmentera de 5 euros tous les mois pour parvenir à 300 euros en décembre. La moyenne annuelle 2016 sera donc de 275 euros.

«
Cette avancée significative (‘) représente un soutien d’environ 150 millions en 2016 par rapport aux engagements contractuels
», estime un porte-parole de Lactalis.

Plus de blocage à Cuincy

L’accord signe également l’arrêt des actions menées dans toute la France et, notamment, dans notre région (blocage du site Lactalis de Cuincy, déréférencement des produits Lactalis dans certains grands magasins).

«
Cet accord est un premier pas par rapport à la conjoncture et aux autres producteurs européens, constate Serge Capron, responsable de la Fédération des producteurs laitiers du Pas-de-Calais. Mais avec 290 euros la tonne, soit un prix annuel d’environ 28 centimes le litre, énormément de producteurs vont encore produire à perte.
»

Ce que confirme Christine Delefortrie, son homologue dans le Nord : «
À 290 euros la tonne, nous sommes loin des coûts de production réels. Nous avons estimé qu’à 340 euros la tonne, le producteur se rémunérait tout juste au SMIC.
»

Pour Serge Capron, l’action de cette semaine est un «
coup de semonce
» qui risque d’en appeler d’autres. «
Lactalis, c’est un quart de la production française. Il reste les trois-quarts des autres laiteries qui ne payent guère mieux. Ici, en région, la Prospérité Fermière, Sodial, Novandie tournent autour des 27, 27,5 centimes du litre. À ce prix-là, on ne s’en sort pas plus. Il va falloir travailler pour passer au-dessus de la barre des 30 centimes. C’est la condition de notre survie.
»

En chiffres

5.

Le Nord – Pas-de-calais est la cinquième région française laitière. En ajoutant la Picardie, les Hauts-de-France génèrent 9,5 % de la production nationale (source INSEE, Draaf).

2,6.

En 2014, les 7 000 exploitations laitières du bassin Nord – Picardie (elles étaient 11 000 en 2000) ont livré 2,6 milliards de litres de lait à l’industrie.

350 000.

Ce sont 350 000 vaches laitières qui paissent dans le grand bassin des Hauts-de-France et occupent 741 000 hectares de la surface agricole utile.

20 000.

Au total, la filière représente 20 000 emplois dédiés à la production et à l’industrie agroalimentaire.

17.

Lactalis est le premier groupe laitier mondial avec 17 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 230 unités industrielles dans 49 pays.

Leave A Reply