Coupe Davis , à Tokyo les Bleus veulent éviter le signe indien

Coupe Davis , à Tokyo les Bleus veulent éviter le signe indien

Avec Gasquet, Simon, et la paire Mahut-Herbert, l’équipe de France de tennis du capitaine Noah part favorite dans son premier match face aux Japonais.

Le Monde
| 02.02.2017 à 18h14
Mis à jour le
02.02.2017 à 19h44
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Par Henri Seckel

L’équipe de France sans ses deux meilleurs joueurs, le n° 1 écarté pour raisons disciplinaires, une rencontre gagnée d’avance face à deux joueurs mal classés’ Tiens, le Japon-France du premier tour de la Coupe Davis 2017 qui débute dans la nuit de jeudi à vendredi (voir le programme ci-dessous) nous rappelle quelque chose.

C’était en 1993, Lucas Pouille (remplaçant ce week-end) n’était pas né. Les Bleus disputaient leur quart de finale face à l’Inde, dans les arènes de Fréjus. Cédric Pioline, n° 1 français, n’avait pas été retenu par le capitaine Georges Goven pour cause d’incompatibilité d’humeur. Le n° 2, Guy Forget, avait assisté aux matchs en tribunes, blessé. Leander Paes, 208e mondial, et Ramesh Krishnan, 231e, devaient tout de même se faire croquer par Arnaud Boetsch (25e) et Henri Leconte (68e). Et pourtant, 3 victoire à 2 pour l’Inde et une belle humiliation pour le tennis tricolore.

Vingt-quatre ans plus tard les Bleus entament la campagne 2017 à Tokyo face au Japon. Gaël Monfils (n° 9 mondial) n’a pas été retenu par le capitaine, Yannick Noah, au motif que, « pour l’instant, c’est beaucoup mieux pour le groupe qu’il soit en dehors », conséquence du « Zadargate » vécu en demi-finale de la dernière édition face aux Croates. Jo-Wilfried Tsonga (n° 14), resté auprès de sa femme enceinte, est quant à lui dispensé.

Le meilleur Japonais est classé 85e mondial

Face à Richard Gasquet (n° 18), Gilles Simon (n° 24), et la paire Nicolas Mahut-Pierre-Hugues Herbert n° 1 mondiale en double se dressent Yoshihito Nishioka (n° 85), Taro Daniel (n° 114), Yuichi Sugita (n° 117), et Yasutaka Uchiyama (n° 177 en double), puisque Kei Nishikori, n° 5 mondial, préfère sécher la rencontre. Alors, imperdable ‘ Yannick Noah a déjà balisé les éventuelles opérations de déminage : « C’est un match piège. »

« C’est un match qu’on est supposé gagner sur le papier. Si on perd, ça fera un buzz ! », estime le capitaine français, qui entame le second acte de sa troisième campagne à la tête des Bleus (après 1990-1992 et 1994-1998). « Il y a tellement de gens qui seraient contents qu’on paume ! Rien que pour les emmerder on va essayer de gagner ! », a-t-il ajouté, sans préciser de qui il parlait.

Nul doute que les 10 000 spectateurs de l’Ariake Coliseum de Tokyo, qui accueillera le tennis aux Jeux olympiques en 2020, seraient ravis de voir la bande à Noah « paumer ». Les joueurs, français, eux aussi, font montre d’une prudence extrême devant ceux qui jugent un échec impossible. « Dire ça, c’est le meilleur moyen d’arriver crispés sur le terrain et de ne pas jouer notre tennis, prévient Nicolas Mahut. Si on ne joue pas à notre niveau, effectivement, on a des chances de perdre. »

Un seul joueur du top 10 dispute le premier tour

Si la hiérarchie devait malgré tout être respectée, les Bleus retrouveraient, en quarts de finale, la Grande-Bretagne ou le Canada, opposés dans une rencontre qui aurait été un sacré choc si le n° 1 mondial, Andy Murray, et le n° 4, Milos Raonic, y avaient pris part. Mais le premier a souhaité prendre du recul après son incroyable loupé à l’Open d’Australie (éliminé en huitièmes), et le second est blessé.

Au-delà de ces deux cas, l’édition 2017 de la Coupe Davis confirme le déclin de cette compétition centenaire, de plus en plus snobée par les meilleurs joueurs mondiaux. Cette année, le premier tour ne verra qu’un membre du top 10 fouler les courts (Djokovic, n° 2). Wawrinka, Nadal, Federer, Berdych, ou encore les finalistes de l’an passé, Cilic et Del Potro, ont tous mieux à faire que de défendre les couleurs de leur pays.

Yannick Noah s’en est désolé dans un entretien à l’Agence France-Presse : « On est dans un monde de business où la tradition laisse la place peu à peu au profit, aux entreprises qui décident. Les arguments des joueurs du top 10 sont toujours économiques. Je persiste à penser qu’il peut y avoir le côté professionnel avec des tournois importants qui génèrent beaucoup de revenus, et aussi un attrait pour une compétition où on représente une équipe dans un sport individuel, où on représente son pays dans un sport où habituellement on représente juste sa personne. Or aujourd’hui je ne l’entends pas. »

Pour Noah, « C’est une question d’argent »

Selon le capitaine des Bleus, particulièrement attaché à la Coupe Davis, l’argument du « calendrier surchargé », régulièrement avancé par les absents, ne tient pas : « On ne peut pas d’un côté dire le programme est chargé, on ne peut pas jouer pour notre pays’ et d’un autre aller jouer l’IPTL [un circuit de tournois d’exhibition très lucratifs en Asie pendant l’intersaison, dont nous parlions ici]. Quand il s’agit d’aller jouer l’IPTL, on ne parle pas de problèmes de calendrier, alors qu’il s’agit d’aller de ville en ville tous les deux jours ! »

« J’aurais le pouvoir, je les obligerais à jouer, a poursuivi Yannick Noah. Je sais que la carrière de Djokovic a vraiment commencé quand il a gagné la Coupe Davis [en 2010]. Je me rappelle l’émotion de Roger [Federer], quand il a gagné la Coupe Davis [en 2014], même s’il avait gagné 17 Grands Chelems. Je sais qu’à cette occasion il n’a pas gagné énormément d’argent par rapport à ce qu’il gagne d’habitude. Tu ne joues pas la Coupe Davis, tu ne joues pas les Grands Chelems. Ce serait très vite réglé ! Encore une fois, les arguments qui sont avancés sont détournés. C’est une question d’argent. » Pour les Bleus, face au Japon, il s’agira surtout d’éviter le signe indien.

LE PROGRAMME Décalage horaire oblige, il va falloir se lever tôt, ou ne pas aller se coucher.

Vendredi 3 février, à partir de 4 heures du matin (midi à Tokyo) Taro Daniel – Richard Gasquet Yoshihito Nishioka – Gilles Simon

Samedi 4, à 5 heures du matin (13 heures à Tokyo) Yuichi Sugita-Yasutaka Uchiyama – Pierre-Hugues Herbert-Nicolas Mahut

Si besoin : dimanche 5, à partir de 4 heures du matin (midi à Tokyo) Yoshihito Nishioka – Richard Gasquet Taro Daniel – Gilles Simon

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