Comment ne pas mourir dans les transports publics de Los Angeles

Comment ne pas mourir dans les transports publics de Los Angeles

Le Monde
| 28.06.2016 à 18h44
Mis à jour le
28.06.2016 à 21h18
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Par Luc Vinogradoff

Chaque ville a sa méthode pour sensibiliser et informer ses habitants sur la façon de se comporter dans les transports publics. A Paris, il y a le lapin rose vintage qui met éternellement en garde : « Ne mets pas tes mains sur la porte [du wagon], tu risques de te faire pincer très fort. »

Les services de la mairie de Los Angeles trouveraient le lapin rose de la RATP un peu désuet dans notre XXIe siècle rythmé par des formats de vidéo très courts et les réseaux sociaux. La mégapole américaine est la ville des voitures par excellence, et son réseau de métros et de bus est très jeune, comparé à ceux des villes européennes. Il est aussi moins utilisé.

Ne pas finir décapité par un tramway

Considérant que leurs citoyens ne sont pas habitués à prendre le métro ou le bus, la mairie et la compagnie qui gère le réseau de transports en commun ont diffusé une série de vidéos’ troublantes, qui reprennent les bases de l’éducation en expliquant, avec une voix chantante, les erreurs à éviter pour ne pas mourir dans le métro ou finir décapité par un tram, comme celle d’être absorbé par son compte Instagram.

« Nous pensons que ces messages provocateurs aideront les gens lorsqu’ils utilisent notre service », a expliqué Phillip Washington, président de l’entreprise qui gère le métro. « Ces vidéos sont volontairement modernes parce que nous voulons que l’on se souvienne du message », ajoute Mark Ridley-Thomas, chargé des transports pour le comté de Los Angeles.

Ces vidéos sont certes « modernes », mais les décisions insensées des figurines sont pour le moins troublantes : les protagonistes meurent invariablement devant l’indifférence totale de ceux qui les entourent.

Prenez Joan, qui « prend connaissance des publications de ses amis sur les réseaux sociaux en allant à l’école ». Elle ne se rend pas compte qu’elle a franchi la limite de la zone de sécurité sur le quai du métro. Personne ne la met en garde. Joan est violemment percutée par le métro. Elle tombe à terre les membres épars. Un homme à proximité la regarde brièvement, puis enjambe son bras pour entrer dans le wagon.

Ou Jack, tête en l’air, qui boit son café. Quand il s’aperçoit que le tramway arrive au loin, il court pour l’attraper, la tête la première. Trop tard, les portes se ferment, et, telle une guillotine, le décapitent. Pauvre Jack’

La méthode alerter, au moyen d’une réalisation esthétique et en employant l’humour noir, sur des risques très sérieux ‘ peut paraître extrême. Mais elle a porté ses fruits. L’inspiration vient de Melbourne, en Australie, qui avait diffusé en 2012 la vidéo Dumb Ways to Die (« Façons stupides de mourir »), une vidéo de prévention publique souvent copiée mais à la qualité jamais égalée.

L’approche en dit aussi sûrement beaucoup sur la vie dans les grandes villes modernes, où l’on ne peut plus compter sur ses concitoyens, ne serait-ce que pour ramasser ses membres éparpillés sur le quai du métro’

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