Classement PISA , pourquoi la France ne progresse-t-elle pas

Classement PISA , pourquoi la France ne progresse-t-elle pas

Editorial. Depuis le début de l’enquête sur les systèmes scolaires de l’OCDE, certains pays ont tiré des leçons et procédé à des réformes radicales. Pas la France.

Editorial du « Monde ». Tous les trois ans, le verdict tombe : l’enquête internationale PISA de l’OCDE, étude comparative des performances des systèmes scolaires des 72 Etats membres, désigne les bons et les mauvais élèves : les pays qui réussissent à progresser en adaptant leur système éducatif aux exigences d’un monde qui évolue très vite et ceux qui stagnent, ou régressent.

Immuable, la France se situe entre les deux, dans le groupe des médiocres. Depuis le début de l’enquête de l’OCDE, en 2000, certains pays mal classés ont tiré du « choc PISA » des leçons salutaires. L’Allemagne, le Portugal, la Pologne, l’Estonie ont procédé à des réformes radicales et ont réussi à gravir les échelons dans les classements suivants. La France, elle, résiste désespérément au « choc PISA ».

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Le système éducatif français reste caractérisé par sa capacité à former une petite élite : 8 % d’une classe d’âge se distingue, à 15 ans, par des résultats très performants en sciences. Son autre caractéristique, malheureusement, est son inégalité. En dépit des réformes successives et des alternances politiques, la France ne réussit pas à réduire son noyau dur d’élèves en échec scolaire. La part d’élèves faibles a même légèrement augmenté, d’un point, au cours des dix dernières années. L’école française reste l’une des plus inégalitaires du monde.

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Associer les professeurs aux réformes

Un pays qui revendique des valeurs progressistes et qui se heurte à un chômage persistant ne peut se satisfaire de ce constat ni de cette stagnation. Peut-être, pour que le choc se produise, faut-il regarder, au-delà de ce qui ne va pas chez nous, ce qui marche dans les pays qui progressent.

A Singapour, qui détrône la Finlande dans l’ensemble des évaluations PISA, la qualité de la formation des enseignants et leur statut dans la société sont au c’ur de la réussite scolaire. L’implication des professeurs et le lien qu’ils tissent avec leur classe, avec leurs élèves individuellement et avec leurs parents, sont un élément caractéristique des systèmes scolaires asiatiques. Une culture de l’évaluation, plus concrète et plus en prise sur la réalité que le système d’inspection à la française, permet de motiver les enseignants et de récompenser les plus créatifs. Dans les pays aux systèmes scolaires performants, les professeurs sont associés aux réformes, les établissements sont encouragés à formuler des projets. Ils se voient confier plus de responsabilités.

Utilisation du numérique insuffisante

En France, la formation des enseignants accorde une importance démesurée aux connaissances théoriques de leur discipline par rapport aux pratiques pédagogiques. Notre modèle demeure dominé par l’approche verticale, le cours magistral et le rapport passif maître-élève, au détriment de pédagogies différenciées, plus adaptées aux difficultés et aux talents individuels des élèves. L’égalitarisme forcené, en vertu duquel tous les enfants sont censés être pareils, aboutit en réalité à des résultats spectaculairement inégalitaires, compte tenu du déterminisme social.

Enfin, l’utilisation du numérique dans le système éducatif français reste largement insuffisante. Un pays où l’on s’écharpe, dans un débat national, sur l’enseignement du latin, mais où la technologie est absente de l’enseignement général dans les trois dernières années du secondaire sans que personne trouve rien à y redire a du souci à se faire sur l’insertion de ses enfants dans le monde du travail du XXIe siècle.

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