Cinq scientifiques russes encerclés par des ours polaires dans l’Arctique

Cinq scientifiques russes encerclés par des ours polaires dans l'Arctique

Cela ressemble à un cauchemar : cinq scientifiques russes vivent assiégés depuis deux semaines dans leur station météorologique de l’Arctique, sur une île par ailleurs déserte, Troïnoy, dans l’archipel d’Izvesti TSIK, à 150 kilomètres au nord des côtes de Sibérie.

Depuis la fin du mois d’août, une douzaine d’ours, dont dix adultes, rôdent autour de la station. L’une des deux femelles du groupe de plantigrades a pris l’habitude de venir dormir sous la fenêtre du bâtiment. Et, selon l’agence de presse russe TASS, l’un des chiens du groupe a été tué par les ours, le 31 août.

Abattre les ours polaires est interdit en Russie, puisque l’espèce est protégée par un accord international depuis 1973. Les cinq humains pris au piège n’ont d’autre choix que d’essayer d’effrayer les ours, en utilisant notamment des balles en caoutchouc ou des fusées de détresse. Le stock de fusée étant rapidement venu à manquer, la question du ravitaillement s’est posée cette semaine.

Le directeur de l’Agence météorologique fédérale, dont dépend la station, avait d’abord annoncé, mardi 13 septembre, que le ravitaillement prendrait « environ un mois ». Finalement, un navire de recherche qui se trouvait dans les environs a pu faire escale sur l’île. Un hélicoptère a livré au groupe pris au piège des fusées de détresse et des chiens, destinés à éloigner les ours.

Un temps interrompues, les observations météorologiques ont également pu reprendre, mercredi, a annoncé le directeur de l’agence météorologique, Vassili Shevchenko, à l’agence d’information russe.

Selon lui, ce genre d’incident n’est pas sans précédent sur l’île Troïnoy, qui est à la fois l’habitat naturel des ours et un lieu de recherche fréquenté par les humains.

Agressivité et fonte des glaces

La porte-parole de l’agence météorologique, Elena Novikova, a cependant souligné qu’un si grand nombre d’ours n’était pas habituel sur l’île. Selon elle, leur agressivité est liée au réchauffement climatique et à la fonte de la banquise.

« Les ours vont habituellement sur d’autres îles, mais cette année ils ne l’ont pas fait, a-t-elle observé. La glace a reculé très vite et les ours n’ont pas eu le temps de nager jusqu’aux autres îles. » Or, il n’y a « rien à manger » sur l’île Troïnoy, c’est pourquoi les ours se seraient approchés de la station.

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Selon le directeur, M. Shevchenko, les ours devraient s’éloigner pour chercher de la nourriture à partir de la fin du mois d’octobre, quand la glace sera redevenue suffisamment solide. En attendant, rapporte l’agence de presse TASS, le ministre de l’environnement, Sergueï Donskoï, a demandé à l’agence météorologique de s’assurer à la fois de la sécurité des scientifiques et de la survie des animaux.

La population mondiale d’ours polaires est estimée entre 20 000 et 25 000 individus, dont 5 000 à 7 000 en Russie. L’Union internationale pour la conservation de la nature a placé l’espèce sur la liste rouge des espèces menacées.

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