CGT , le secrétaire général Martinez réélu la rupture avec la CFDT consommée
«Philippe Martinez élu secrétaire de la CGT», a annoncé l’organisation syndicale sur son compte twitter, avant l’annonce officielle des résultats au millier de délégués présents au 51e Congrès.
Cette élection, où il était le seul candidat, a été accueillie par une standing ovation sous les cris de «tous ensemble, tous ensemble».
Il avait pris la tête de la CGT en février 2015, après la démission contrainte de Thierry Lepaon, poussé à la porte après des révélations sur son train de vie. M. Martinez avait alors été choisi mais son élection était intervenue en dehors du Congrès.
Cette grand-messe, rituel organisé tous les trois ans, devait être l’occasion de mettre en place une feuille de route pour les années à venir, notamment discuter de la syndicalisation des jeunes ou des précaires, point faible de la première organisation syndicale française.
Il s’est plutôt révélé une tribune contre la politique «libérale» du gouvernement, «à la solde de la finance», les militants actant le divorce avec François Hollande, pour lequel la confédération avait pourtant appelé à voter en 2012.
Les discussions se sont focalisées sur le retrait du projet de loi travail, avec des appels à une grève reconductible à partir du 28 avril.
«Martinez a fait le choix de donner la parole à la ligne dure de la CGT. C’était un pari pour ressouder les troupes. Mais on n’a pas parlé des vrais sujets», a commenté un membre du Comité confédéral national, le «parlement» de la centrale.
Un ex de chez Renault
Concilier les différents courants de la CGT, extrême gauche d’un côté, plus ouvert aux réformes de l’autre, le défi de Philippe Martinez est grand. Il doit aussi s’atteler à maintenir le leadership de ce syndicat face à la montée en puissance de la CFDT, qui pourrait lui ravir sa place lors des élections professionnelles en 2017. Et aussi tourner la page de l’«affaire Lepaon» qui a laissé des traces. Présent à Marseille, Thierry Lepaon a été conspué par une partie des délégués.
Les militants ont aussi tourné le dos à la CFDT lors de ce Congrès, dénonçant la politique de «syndicalisme rassemblé» prôné sous l’ère Bernard Thibault, en raison du soutien du syndicat de Laurent Berger à la loi travail.
Perçu comme autoritaire, homme de terrain, Philippe Martinez, 55 ans, a fait toute sa carrière à Renault Boulogne-Billancourt où il est entré en 1982. C’est le premier secrétaire général de la CGT sans carte du PCF.
«Il est carré, autoritaire, originaire d’une fédération solide (métallurgie), il a su rassurer les militants dès son arrivée en tenant un discours très à gauche», témoigne un haut responsable de la confédération.
Son leitmotiv : contester les politiques libérales, qui affectent les droits des salariés, mais aussi faire des propositions alternatives aux réformes proposées, comme la réduction du temps de travail à 32 heures.
Hésitant sur la position à prendre sur le projet de loi travail de Myriam El Khomri, il a fini par en réclamer le retrait, dénonçant un texte trop libéral. La CGT a de nouveau appelé à faire grève et manifester le 28 avril et de nombreuses voix se sont élevées lors du Congrès pour réclamer une grève reconductible.