Cancer et grossesse , Je portais à la fois la vie et la mort en moi

Cancer et grossesse ,  Je portais à la fois la vie et la mort en moi

Difficile d’écrire « cancer » et « grossesse » dans une même phrase tant ces deux mots paraissent opposés. Ils ont pourtant rythmé l’année 2016 de Mélanie, 32 ans, aujourd’hui maman comblée.

Fin 2015, Mélanie et son mari Michaël rêvent de donner un petit frère à leur fille Maïlys. L’annonce de la grossesse de la jeune femme en novembre les comble de joie mais très vite, Mélanie ressent une douleur au sein. « 
Le corps d’une femme change tellement lorsqu’elle attend un enfant que je ne me suis pas inquiétée
 ». Sa gynécologue non plus d’ailleurs : la future maman est en excellente santé et sans le moindre antécédent familial. Les semaines passent, le ventre de Mélanie grossit, son sein aussi. Un mauvais pressentiment envahit la jeune femme qui veut se rassurer une nouvelle fois auprès de sa gynécologue. Cette fois, une échographie est programmée. Deux jours après, on appelle Mélanie pour lui faire passer une biopsie en urgence. « 
J’ai compris que quelque chose n’allait pas mais c’était pour moi inconcevable que ce soit un cancer. Je me sentais tellement protégée, immunisée par mon bébé
 ». Pourtant le diagnostic tombe : cancer du sein. Mélanie est alors enceinte de six mois.

« Dès que je me retrouvais branchée en séance, le petit me donnait des coups »

Dix milliards de questions assaillent le couple les jours qui suivent les résultats de la biopsie. On les rassure très vite : aucun risque pour le bébé. Par contre, le traitement pour la mère doit commencer le plus rapidement possible. C’est le ventre déjà bien rebondi que Mélanie doit se rendre en séance de chimiothérapie. « 
Dès que je me retrouvais branchée en séance, le petit me donnait des coups de pied, raconte la jeune femme, toujours souriante. C’est là où le dilemme qui se jouait en moi prenait tout son sens : je portais à la fois la vie et la mort
 ». Ce combat contre la maladie, c’est bien « à deux » qu’ils l’ont mené, elle et son « 
bébé chimio
 » comme elle l’appelle avec tendresse. Aujourd’hui, il se prénomme Malone. Il est né « 
sous le signe du cancer
 », plaisante aujourd’hui sa mère, le 5 juillet dernier, et se porte « 
mieux que bien
 ».

Malheureusement, les examens post-accouchement ne sont pas bons pour la jeune femme. « 
J’ai fait un bébé et j’ai dû lui donner envie car elle a voulu faire pareil
 ». « 
Elle
 », c’est sa tumeur qui a engendré des métastases. Elle en parle comme d’une ennemie de longue date mais sans se départir d’un sourire lumineux et d’un sens de l’humour déroutant. Mélanie n’attend pas qu’on la plaigne : ce qu’elle veut, en ce mois d’Octobre rose, c’est sensibiliser.

Aujourd’hui, Malone a trois mois et Mélanie continue de se battre contre sa tumeur avec toute sa force et sa répartie. « 
Ne vous inquiétez pas, je vais gagner. J’étais là avant elle de toute façon !
 »

Cas rare mais des symptômes à repérer

Le Docteur Claire Giraud, oncologue au centre Léonard-de-Vinci de Dechy, veut alerter les femmes enceintes sur les risques de cancer même si le cas de Mélanie reste rare. « 
Attention à ne pas créer de panique : ce n’est pas la grossesse qui provoque le cancer
 », précise l’oncologue.

En réalité, une tumeur se nourrit généralement d’hormones. Et lors d’une grossesse, c’est un déferlement d’hormones qui inonde le corps de la femme et fait donc grossir la tumeur. « 
Un cancer reste néanmoins difficile à diagnostiquer, prévient le Dr Giraud. Il faut alerter les patientes, surtout celles qui ont des antécédents familiaux et médicaux, ou celles qui ont eu recours à une assistance médicale pour tomber enceinte
 ».

Trois symptômes peuvent constituer des signaux d’alerte : des pertes au niveau du mamelon, une déformation du sein ou/et un ganglion sous le bras.

Si une chimiothérapie n’est envisageable qu’à partir du quatrième mois de grossesse, l’interruption médicale de grossesse « 
n’est plus systématique
 ». « 
Chaque cas reste différent, il faut trouver le juste équilibre entre bénéfices et risques mais c’est toujours une discussion qui se fait entre les parents, l’oncologue et le gynécologue
 ».

L’augmentation du nombre de cas de cancers pendant la grossesse est à mettre en relation avec le recul de l’âge de la maternité. Mais les femmes de plus de 35 ans sont alertées du risque, et « 
demandent plus facilement des mammographies
 », explique la spécialiste. Un réflexe que n’ont pas forcément les plus jeunes alors que la moyenne d’âge de femmes enceintes à qui on a diagnostiqué un cancer se situe aux alentours de trente ans.

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