Bygmalion , la diffusion de l’ Envoyé spécial  mettant en cause Sarkozy maintenue

Bygmalion , la diffusion de l' Envoyé spécial  mettant en cause Sarkozy maintenue

Le Monde
| 08.09.2016 à 20h36
Mis à jour le
08.09.2016 à 22h21
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Par Alexandre Piquard

Le ton a changé : quarante-huit heures après la violente opposition entre l’équipe d’« Envoyé spécial » et la direction de France Télévisions, le calme est revenu. En effet, l’animatrice Elise Lucet et ses collaborateurs ont obtenu ce qu’ils réclamaient au départ : la diffusion, le 29 septembre, d’un reportage sur l’affaire Bygmalion, contenant notamment un long témoignage de Franck Attal qui met en cause Nicolas Sarkozy.

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Au départ, cette date avait été exclue par Michel Field, le directeur de l’information, au motif qu’elle se trouvait pendant la campagne officielle de la primaire à droite et que le sujet sur une affaire judiciaire en cours était susceptible de la perturber. Une doctrine contestée en interne, où certains soupçonnent M. Field d’avoir voulu complaire à Nicolas Sarkozy, par ailleurs invité de la nouvelle émission politique de l’entreprise, jeudi 15 septembre. Un extrait du sujet est de plus diffusé dans le JT de France 2 jeudi soir.

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Vu de la présidence de France Télévisions, ce compromis n’est pas un désaveu pour M. Field : pour sortir de la crise, ce dernier a commencé dès mercredi à dire que le sujet ne serait pas diffusé après la primaire, comme il le proposait initialement, mais « au meilleur moment, en fonction de l’actualité ». Il expliquait ce changement par le fait que l’affaire est revenue dans l’actualité lundi avec la décision du parquet. La décision des juges est désormais attendue avant fin septembre, souligne une source proche de la direction, pour justifier de rétablir une diffusion le 29 septembre.

Pour autant, M. Field sort fragilisé de ce bras de fer public, mené par médias interposés. Jusqu’à mardi après-midi, lui, tout comme la présidence, ne voulaient pas céder sur la diffusion pendant la campagne de la primaire à droite et exigeaient plutôt un passage à l’antenne dès jeudi. Une option refusée fermement par l’équipe d’« Envoyé spécial ». Qui aura finalement gain de cause, après la publication de plusieurs articles de presse plutôt négatifs pour M. Field et la direction de France Télévisions.

Crise interne assez vive

Le directeur de l’information oblige une nouvelle fois la présidente, Delphine Ernotte, à intervenir pour mettre fin à une crise interne assez vive. « Il perd encore du crédit alors qu’il était déjà contesté en interne, pense un journaliste. C’est davantage un problème de compétence et de travail, ainsi que d’anticipation, plutôt qu’un parti pris politique en faveur de Nicolas Sarkozy. Mais cela atteint son autorité. Il louvoie. » Une allusion au fait que la tension sur la date de diffusion est apparue dès juillet, sans qu’une solution soit trouvée en amont.

« C’est vraiment dommage, cela aurait pu être évité, poursuit cette source. On était dans une phase de fierté par rapport au succès du lancement de la nouvelle chaîne d’information publique et on retombe dans certains travers. »

Avant l’été, Michel Field a fait l’objet d’une motion de défiance pour avoir été jugé trop conciliant avec l’équipe de François Hollande dans la préparation de l’émission « Dialogue citoyen ». Fin 2015, France Televisions avait de plus connu un épisode tendu avec Marine le Pen, qui avait annulé sa venue à « Des paroles et des actes ».

La campagne présidentielle est toujours un moment important pour le service public, susceptible de générer des tensions avec les politiques. Nicolas Sarkozy a dans son dernier livre regretté « l’investigation racoleuse », semblant faire une allusion à Elise Lucet, animatrice de « Cash investigation ».

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