Beuvry , ils tuent deux personnes pour leurs télés 20 et 17 ans de réclusion
Deux hommes ont perdu la vie dans la résidence Quinty de Beuvry mi-2013… Tous deux victimes de coups qui se sont avérés fatals.
L’après-midi du 29 août, les secours alertés par la fille d’un Beuvrygeois inquiète de ne pas avoir de nouvelles de son père avaient découvert dans un logement le corps sans vie de Martial Bourret, 47 ans, baignant dans une mare de sang. L’autopsie avait révélé l’existence d’un traumatisme crânien.
Chute Coups Difficile alors de le dire. Même chose pour les traces de somnifères découvertes dans le sang de la victime. Sa fille s’étonnait, elle, de la disparition d’une télé et de deux ordinateurs.
Deux affaires similaires
Très vite, les enquêteurs ont repensé à une autre affaire de mort suspecte dans la même résidence, dans la nuit du 18 au 19 mai 2013. Didier Lecault avait été retrouvé blessé au visage dans un appartement. Hospitalisé en coma éthylique, il était décédé le lendemain à l’hôpital. Là aussi, la télé avait disparu…
Deux victimes, deux enquêtes distinctes donc mais qui ont abouti à suspecter les même personnes : David Picard et Didier Viseux, 31 et 33 ans à l’époque. Deux hommes habitués à s’alcooliser avec les victimes. Mais mi-2013, les choses ont dégénéré. David Picard a expliqué, durant l’enquête, avoir administré des somnifères à Martial Bourret pour le voler, parce qu’il lui devait de l’argent.
Pas l’intention de les tuer
Il lui a aussi porté des coups, faisant tomber la victime sur un meuble. Didier Viseux, également soupçonné d’avoir porté des coups, a nié durant l’instruction. Concernant Didier Lecault, Picard a également admis avoir porté des coups, sans intention homicide il avait d’ailleurs appelé les secours , et être revenu dans le logement voler la télé avec Viseux qui, là encore, affirme être étranger à ces faits.
Finalement, les deux faits de violences ayant entraîné la mort ont été retenus par la juge d’instruction contre David Picard, plus le vol ; un fait de vol suivi de violences ayant entraîné la mort contre Didier Viseux. Sa compagne, M. C., 18 ans en 2013, défendue par Me
Mauro, a, elle, été poursuivie pour non-dénonciation de crime et recel de vol.
Les trois se sont donc retrouvés durant cinq jours devant la cour d’assises du Pas-de-Calais. Au terme du procès, qui s’est tenu dans une grande dignité, l’avocat général a requis 20 ans de réclusion criminelle contre David Picard, 17 ans contre Didier Viseux et 6 mois de prison avec sursis contre M. C. Ces réquisitions ont été suivies à la lettre au terme du délibéré.
«Une décision équilibrée»
À l’issue des cinq jours de procès, les principaux avocats nous ont livré leur sentiment, hier.
Me Xavier Brunet, avocat des parties civiles. Représentant les filles de Martial Bourret et la mère de Didier Lecault, Me
Brunet se montrait «
satisfait du résultat, des peines prononcées qui sont en relation avec la gravité des faits
» en sortant du tribunal hier. «
Picard est à l’origine de deux décès, Viseux d’un, ce qui explique l’écart entre les peines. C’est une décision équilibrée, conforme à ce que mes clients, qui ont vécu quelque chose de difficile lors de ce procès, attendaient. Ça va les aider accepter la mort d’un père et d’un fils.
»
Me Bruno Guilbert-Fruleux, avocat de David Picard. Condamné à 20 ans de réclusion, David Picard «
a toujours reconnu les faits. Il a toujours assumé sa responsabilité dans les deux décès, d’autant qu’il a perdu plusieurs membres de sa famille dans un incendie (en juillet 2007 à N’ux-les-Mines). Lors du procès, il y a eu une grande dignité de mon client
». La présidente a d’ailleurs salué la dignité de tous les intervenants lors des cinq jours de procès. Selon son avocat, «
il ne fera pas appel de la décision. Il est parti dans la vie avec une valise vide, la prison permettra d’avoir un petit bagage pour refaire sa vie, pour se réinsérer à sa sortie
».
Me Édouard Dubout, avocat de Didier Viseux. «
Dix-sept ans dans une histoire où il n’y a pas d’intention homicide, c’est beaucoup
», estime Me
Dubout. Mais il est conscient que «
le casier judiciaire et la personnalité de mon client ne l’ont pas aidé, d’autant qu’il est impliqué dans les deux faits même si les faits les plus graves en ce qui le concerne n’en concernent qu’un
». Alors que son client a longtemps nié les faits dont il était accusé, il a changé de position au cours du procès : «
Il a nié les faits jusqu’à l’audience mais hier (mardi), quand on l’a interrogé sur les faits, il a avoué sa participation. Je pense qu’il ne pouvait pas les contester.
» L’avocat béthunois a déconseillé à son client de faire appel, «
il m’a dit qu’il me suivait
». L’affaire devrait donc être définitivement close.