Attentat de Nice , les responsables politiques entre émotion et colère

Attentat de Nice , les responsables politiques entre émotion et colère

Intense mobilisation de l’exécutif, émotion exprimée par la classe politique dans son ensemble et, sans attendre, polémique naissante sur les responsabilités : l’attaque meurtrière commise à Nice, jeudi 14 juillet au soir, a suscité les mêmes réactions que les précédentes, selon un rituel qui semble désormais bien établi depuis les attentats de janvier et de novembre 2015.

Dès les événements connus, François Hollande a quitté en urgence le Festival d’Avignon, où il participait à un dîner et où il devait assister à la représentation des Damnés, pour rejoindre Paris et le centre de crise de la Place Beauvau, où l’attendait le premier ministre, Manuel Valls. Le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, lui, s’était déjà envolé pour Nice. Après quoi le président est revenu à l’Elysée avec le chef du gouvernement pour préparer, dans son bureau, son intervention télévisée nocturne.

C’est vers 3 h 45 que le chef de l’Etat est apparu sur les écrans, liant sans hésiter le carnage commis sur la promenade des Anglais au « terrorisme islamiste ». « Cette attaque, dont le caractère terroriste ne peut être nié, est encore une fois d’une violence absolue, et il est clair que nous devons tout faire pour lutter contre le fléau terroriste », a une nouvelle fois répété le président, soucieux de « faire la démonstration d’une vigilance absolue et d’une détermination sans faille ».

« Nous ne céderons pas »

M. Hollande a ainsi annoncé le maintien « à haut niveau de l’opération Sentinelle’, qui permet de mobiliser 10 000 militaires en plus des gendarmes et des policiers » ; l’appel « à la réserve opérationnelle, c’est-à-dire à tous ceux qui ont été à un moment sous les drapeaux ou dans les effectifs de la gendarmerie pour venir soulager les effectifs de policiers et de gendarmes » ; la prolongation de trois mois de l’état d’urgence, qui devait prendre fin le 26 juillet ; et le renforcement des « (‘) actions en Syrie et en Irak ». Un conseil de défense restreint s’est tenu, vendredi 15 juillet au matin, à l’Elysée. M. Hollande devait ensuite se rendre sur les lieux du drame, en compagnie de M. Valls.

Plusieurs membres du gouvernement avaient par ailleurs réagi dans la nuit sur Twitter. Manuel Valls a fait part de son « immense douleur » après cet acte de « terrorisme le jour de notre Fête nationale ». « Le pays est en deuil, a ajouté le premier ministre. Les Français feront face. » Le ministre de l’économie, Emmanuel Macron, s’est dit « de tout c’ur avec les victimes de l’odieuse attaque de Nice et leurs proches ». « Nous ne céderons pas », a-t-il poursuivi. Courage. »

La condamnation de l’attentat est évidemment unanime. Sur sa page Facebook, le fondateur du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, a posté un message pour déplorer « le retour d’un de ces absurdes assassins, les cris et la mort ». « Vivons profondément ce partage de la souffrance, a-t-il poursuivi. Car avec lui nous vérifions que nous sommes restés humains dans ce monde qui l’est souvent si peu. Et nous entretenons ce qui manquait au misérable lâche dans ce camion. »

« Il faut un sursaut »

Dans les rangs de l’opposition, des appels à la « fermeté » et à la « vigilance » ont sans tarder été lancés, en particulier par le président du parti Les Républicains, Nicolas Sarkozy. Ce qui augure une confrontation politique prochaine sur les responsabilités sécuritaires de l’exécutif. Dans une déclaration écrite transmise, vendredi, à l’Agence France-Presse, l’ancien chef de l’Etat a jugé « indispensable de prolonger l’état d’urgence » une mesure annoncée quelques heures plus tôt par François Hollande. « Nous sommes dans une guerre qui va durer, avec une menace qui se renouvelle sans cesse, a-t-il complété. L’adaptation et le renforcement en permanence de notre dispositif de lutte contre le terrorisme islamiste restent une priorité absolue. (‘) Plus rien ne peut être comme avant. »

Président du conseil départemental des Alpes-Maritimes et député (LR), Eric Ciotti a exprimé, sur Twitter, son « immense émotion face à la terreur qui vient de frapper Nice et devant les très nombreuses victimes de cet attentat ».

L’ancien maire de Nice, Christian Estrosi, s’est, pour sa part, montré beaucoup plus offensif à l’égard du gouvernement. « Il faut un sursaut. Je le demande au gouvernement », a déclaré, sur France Inter, vendredi matin, le président (LR) de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et député des Alpes-Maritimes. « Si l’heure n’est pas à la polémique, je me pose bien sûr des questions, a attaqué M. Estrosi. Pourquoi l’Etat a-t-il annoncé [jeudi] à midi la levée de l’état d’urgence et décidé hier soir qu’il faut le prolonger de trois mois ‘ Tout ça me paraît bien désordonné. »

« Hier, on voulait arrêter l’état d’urgence, on se demande pourquoi, a renchéri, sur Europe 1, l’ex-premier ministre et député (LR, Paris), François Fillon. Il faut utiliser tous les éléments de notre droit pour prévenir au maximum des attentats comme celui qui vient d’être commis. »

De même, des voix venues de l’extrême droite ont-elles exigé le recours à la manière forte. « Les bougies et les marches blanches, ce n’est pas suffisant, confie au Monde la députée (FN, Vaucluse) Marion Maréchal-Le Pen. Le président nous annonce la prolongation de l’Etat d’urgence : encore faudrait-il appliquer les mesures qui vont avec, comme par exemple les perquisitions administratives. Notre politique pénale est inefficace. Il y a une radicalisation en prison à cause du manque de place. Il faut des bâtiments réservés pour les terroristes islamistes pour éviter qu’ils soient avec les autres. »

Dans un communiqué, la présidente du FN, Marine Le Pen, a indiqué qu’il fallait désormais déclarer « la guerre contre le fléau du fondamentalisme islamiste ». L’union sacrée qui avait prévalu dans les jours suivant les attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher n’est quant à elle plus qu’un lointain souvenir.

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