Archéologie , une ancienne nécropole découverte entre Peuplingues et Sangatte

Archéologie , une ancienne nécropole découverte entre Peuplingues et Sangatte

La route reliant Peuplingues à Sangatte est une ancienne voie romaine. Au lieu-dit Belle-vue, le panorama sur le détroit est époustouflant. En regardant sur le bas-côté, un autre panorama s’ouvre : une tranchée est creusée, de deux mètres de large sur cent vingt mètres de long. Au fond, des cavités s’enchevêtrent, se superposent. Ce sont des tombes, certaines contiennent encore des squelettes. Une quinzaine d’archéologues (venus de toute la France et même de Belgique) s’activent ici depuis début mars, pour le compte du service d’archéologie préventive de Cap Calaisis.

Un diagnostic réalisé l’an dernier a permis de confirmer ce que les archéologues et les historiens locaux savaient déjà : sur la crête bordant la voie romaine, une église était érigée, entourée d’un vaste cimetière. Ce site s’appelait Saint-Martin de Sclives. Des milliers d’habitants ont été enterrés là, entre le IXe et le XVe siècles.

« Nous nous attendions à découvrir des tombes, mais pas en aussi grand nombre, et surtout pas aussi variées, explique Tristan Moriceau, responsable de l’opération. Nous avons trouvé de nombreuses fosses anthropomorphes, c’est-à-dire que la pierre a été creusée pour épouser exactement les formes du défunt. D’autres cavités, plus larges, étaient destinées à recevoir des cercueils en bois. Certaines sont dallées. Ces détails permettent de dater chaque sépulture. »

Les tombes sont superposées, littéralement les unes sur les autres. « À la fin du chantier, nous aurons exhumé au moins trois cents squelettes, estime Karl Bouche, responsable du service. Le chantier fait 240 m2 et nous pensons que le cimetière fait environ un hectare. Ce sont donc des milliers et des milliers de corps qui reposent ici. »

Les découvertes réalisées lors de ces fouilles donneront un échantillon représentatif du site et éclaireront d’une lumière nouvelle l’histoire de ce petit bout de campagne entre Peuplingues et Sangatte.

Un chantier mené pour l’entreprise RTE

Le service d’archéologie préventive de Cap Calaisis intervient sur un chantier mené par RTE (Réseau transport d’électricité, une filiale d’EDF). Il s’agit de la rénovation de la liaison électrique IFA 2000 qui relie la France (Bonningues-lès-Calais) à l’Angleterre (Sellindge), inaugurée il y a tout juste trente ans. Les câbles étaient devenus vétustes, principalement sur la partie terrestre (en mer, les câbles sont disposés au fond de tranchées sous-marines).

Le projet de modernisation des câbles a fait l’objet d’une longue instruction administrative, au terme de laquelle les fouilles archéologiques ont été prescrites. Leur financement est assuré par RTE. Les fouilles sont prévues pour durer trois mois (de mars à mai). Dès qu’elles seront terminées, RTE reprendra possession de la tranchée pour installer les nouveaux câbles. Les travaux se poursuivront jusqu’en 2017.

Un service d’archéologie créé il y a six ans

Le service d’archéologie préventive de Cap Calaisis a été créé en 2010. Il s’agissait pour la majorité, qui avait de grands projets d’aménagement (en particulier la zone de la Turquerie) d’accélérer les procédures. En effet, pour chaque projet d’aménagement, la DRAC (direction régionale des affaires culturelles) est saisie. Si le projet est situé sur un secteur sensible (sur lequel il y a présomption de présence d’éléments archéologiques), un diagnostic est réalisé. Avant la création du service intégré, c’est l’INRAP (Institut national des recherches archéologiques préventives) qui se chargeait de ce diagnostic. Cette intervention nécessitait parfois des mois d’attente. Titulaire d’un agrément de l’INRAP, le service de Cap Calaisis peut donc se charger du diagnostic. Ce dernier fait l’objet d’un rapport, sur la base duquel une commission (la CIRA, commission interrégionale de recherches archéologiques) peut décider de la conduite de fouilles. Si le site en question nécessite une protection absolue, elle peut le sanctuariser et demander à l’aménageur de trouver une solution alternative.

Le service d’archéologie de Cap Calaisis, dirigé par Karl Bouche, emploie cinq personnes. «
Mais avec les contractuels que nous embauchons sur les chantiers, on a en moyenne un effectif de dix équivalents temps plein
»

Cap Calaisis n’est pas la seule collectivité de la région à disposer de son propre service d’archéologie préventive : les départements du Nord et du Pas-de-Calais en sont dotés, de même que les communautés d’agglomération du Douaisis, Artois Comm. (Béthune-Bruay), les Villes de Seclin, Valenciennes et Arras.

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