Arc International rappelle ses retraités pour honorer les commandes d’été

Arc International rappelle ses retraités pour honorer les commandes d'été

Il passera l’été au chaud. Pas à la plage, mais près des fourneaux qu’il avait quittés il y a plus de six ans. Pascal Decrock, 62 ans, vient tout juste de reprendre la conduite de machines à l’usine HL qui produit principalement des verres à pied pour les marques Chef & Sommelier et Cristal d’Arques. «
Fin juin, j’ai reçu un coup de téléphone qui m’a beaucoup surpris, on m’a demandé si j’étais d’accord pour revenir travailler. » Pascal n’a pas hésité une seconde : «
Ça fait six ans et demi que je suis en vacances ! Et financièrement ça tombait plutôt bien.
» Avec quatre enfants en bas âge à la maison, il relativise : «
J
e suis presque en repos quand je suis à l’usine.
»

« Un tiers de ma vie est ici »

Il a surtout pensé aux copains, ceux qui pourraient partir en vacances, un peu grâce à lui, et ceux qu’il retrouverait devant les machines. «
Un tiers de ma vie est ici. On a passé des Nouvel An, des Noël ensemble’
» La cadence et la reprise en 5×8 ne semblent pas encore l’avoir maté : «
Le corps est habitué après trente-huit ans. Je récupère très vite. Ce qui m’inquiétait surtout c’était de devoir à nouveau supporter le bruit. Mais ça aussi on s’y refait très vite.
» Après un premier cycle accompagné par un salarié, Pascal a entièrement repris la commande de la presse : il surveille la goutte de verre en fusion, son poids, la qualité des pieds de verre et change le moule en cas de défaut sur le produit. Les gestes reviennent, machinalement. N’empêche pour en arriver à cette maîtrise, il lui aura fallu près de dix ans. Encore irremplaçable, il a répondu à l’appel.

« La demande est là »

«
La demande est là. C’est la première année que tous les fours tournent pendant l’été, analyse Bruno Steculorum, chef de l’usine HL, depuis le rachat, l’adaptation des prix au marché, la reconnaissance de nos marques, il faut assurer la production tout de suite.
» Pas question donc d’attendre que les 25 nouvelles recrues soient opérationnelles fin septembre.

Dix retraités comme Pascal ont déjà été rappelés, deux sont au boulot, un troisième, bras dans le plâtre a dû y renoncer, à contrec’ur. «
C’est une démarche volontaire, on appelle une fois, on laisse un message pas plus, pas question de leur forcer la main, rassure le directeur qui, malgré tout espère encore des retours. Un retraité qui revient, c’est une ligne de production qui reste ouverte’
»

Arc : les conducteurs de machines manquent

Les offres d’emploi en externe n’ont donné que très peu de résultats. Avant de penser à rappeler des retraités, Bruno Steculorum et d’autres directeurs d’usine ont épuisé toutes les solutions possibles, «
si vous avez une idée, je suis preneur
», sourit même le responsable. Dix alternants viennent de valider leur formation fin juin. Ils sont embauchés et habilités à travailler sur les lignes de production.

La solution de la polyvalence qui permet de proposer à des salariés qui travaillent désormais sur d’autres postes de redevenir conducteurs de machine est également utilisée. Enfin, des accords d’entreprise permettent de faire « redoubler le personnel » : il s’agit d’imposer deux postes en plus chaque mois aux salariés. Malgré cela, «
il faudra quand même fermer des lignes cet été
», déplore le directeur.

Fin septembre, il l’espère, les 25 personnes embauchées récemment et en formation accélérée seront opérationnelles.

Santé, attention !

«
Nous avons alerté la direction sur le fait qu’il va falloir être très vigilant à l’état de santé de ces personnes
», indique Élisabeth Jacques, déléguée CFE-CGC, néanmoins très satisfaite de la démarche. «
Elles ont arrêté de travailler il y a au moins cinq ans, et là elles vont reprendre sans transition les 5×8. L’entreprise a changé, on a augmenté les cadences, ça va plus vite !
» En Allemagne, souligne la déléguée, de grands groupes comme Daimler (constructeur de Mercedez-Benz) font massivement appel à leurs retraités, ils apportent une attention particulière à leur état de santé (cours de gymnastique, suivi médical’).

Une visite médicale a été faite au préalable, explique-t-on chez Arc. Si elle n’avait pas été concluante, aucun contrat n’aurait été signé. Par ailleurs, le directeur d’usine, Bruno Steculorum, assure que les contrats peuvent être arrêtés à tout moment à la demande de l’intéressé.

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