Agnès Varda se souvient de sa photo de Fidel Castro et de Cuba

Agnès Varda se souvient de sa photo de Fidel Castro et de Cuba

A La Havane en 1962-63, la cinéaste-photographe avait fait poser le leader dans une guinguette en bord de mer.

Agnès Varda a accepté de commenter pour Le Monde la photo de Fidel Castro qu’elle avait prise dans les années 1960.

« J’avais rendez-vous pour photographier Fidel Castro. Il était au bord de la mer, dans une guinguette populaire. Le sentier était décoré avec des grosses pierres incrustées dans le sol. Je l’ai fait asseoir devant ces ailes de pierres’. Et au moment où je faisais cette photo, je me suis dit : peut-être que son projet utopiste ne s’envolera pas, que Fidel n’y arrivera pas.

Mais à l’époque, en 1962-63, j’étais au milieu de cet élan de liberté, de progrès, de socialisme heureux. Fidel Castro était idéaliste. C’était beau de voir un pays se réveiller.

J’ai vu un Cuba formidable’ Comme ces brigades d’alphabétisation : des adolescents plein d’enthousiasme allaient apprendre à lire et à écrire aux vieux et aux paysans. Il y avait aussi des volontaires qui allaient couper la canne à sucre pour augmenter la productivité. Le peuple participait au projet. Il n’y avait pas grand-chose à manger mais la culture était mise en avant.

« L’imagination était au pouvoir »

L’imagination était au pouvoir. Il a lancé une idée pour les prostituées car la Havane était un bordel pour les Etats-Unis , Fidel Castro leur avait donné la gestion de la compagnie de taxis, afin que celles qui le souhaitaient puissent se recycler. Et en plus, disait-il, elles pourront continuer à lever des clients’ Il y avait aussi de l’humour.

A l’étranger, cette révolution a été un drapeau d’espoir.

Je suis retournée à Cuba en 1992 au Festival de la Havane présenter mon film Jacquot de Nantes. On apportait aussi en cadeau une copie neuve des Parapluies de Cherbourg, de Jacques Demy, sous-titrée en espagnol, car chaque année, à Noël, la Cinémathèque projetait le film. Evidemment j’étais déçue. Point. Mais je n’oublie pas ce que j’ai vu, photographié et entendu à Cuba en 1963. »

Lire la critique de l’exposition :
 

Quand Agnès Varda saluait les Cubains

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