Adultère drogue et vie de bureau , notre choix de séries

Adultère drogue et vie de bureau , notre choix de séries

Chaque mardi, La Matinale vous propose sa sélection de séries à (re) découvrir.

« Cannabis », brillamment addictif

Une cinéaste à la réalisation pour sa première série, Lucie Borleteau (Fidelio, l’odyssée d’Alice), trois scénaristes de talent à l’écriture (Hamid Hlioua, Clara Bourreau et Virginie Brac), des acteurs pour la plupart peu connus, tous très convaincants et, au bout du compte, une série qui fera date en France pour son parti pris, son angle d’observation qui n’est pas sans rappeler celui de la série Gomorra ou du long-métrage Un prophète, de Jacques Audiard.

Cannabis a pour cadre le trafic de cannabis entre le Maroc où il est produit, Marbella, en Andalousie, plaque tournante où prospèrent les trafiquants, et la banlieue parisienne, où la résine se revend au détail. Mais l’intrigue, ici, ne fait intervenir ni la police ni la justice, se focalisant sur les trafiquants eux-mêmes, sur leur activité autant que leur humanité. Et particulièrement sur deux d’entre eux, que tout oppose : leur origine, leur âge, leur expérience, leur rapport à la famille et à l’humanité tout entière. L’un, dit « El Feo » (« le vilain »), trafiquant espagnol polyglotte, dans la soixantaine et en mal d’enfant ; l’autre, Shams (« le soleil »), jeune banlieusard français, élevé par sa grand-mère’ Une très belle réussite. Martine Delahaye

Cannabis, série créée par Hamid Hlioua. Avec Yasin Houicha, Pedro Casablanc, Christophe Paou, Kate Moran (France-Espagne, 2016, 6 x 52 min). Jeudi 8, sur Arte, à 20 h 55, trois épisodes à la suite.

« Rectify », la liberté en question

Rectify n’a pas créé beaucoup de bruit, et fait pourtant partie des meilleures séries lancées au cours des dernières années. SundanceTV, en France, en propose la quatrième et dernière saison à partir du jeudi 8 décembre, mais il faut la découvrir depuis ses toutes premières images, si ce n’est pas déjà fait.

Un « adulescent », condamné à mort à 18 ans, est libéré en conditionnelle, pour une révision de son procès, après dix-neuf années passées sans jamais avoir revu la lumière du jour. On ne sait s’il a commis ou non le crime dont il a été accusé, mais l’important n’est pas là. Avec une infinie sensibilité, tant dans la réalisation que dans l’écriture, Rectify accompagne Daniel Holden (excellemment interprété par Aden Young) dans sa lente découverte de ce que signifie « être libre » dans la société actuelle. Dense, subtil, lumineux ! M. De.

Rectify, saison 4, série créée par Ray McKinnon. Avec Aden Young, Abigail Spencer (Etats-Unis, 2013, 8 x 42 min). Sur SundanceTV, jeudi 8, à 21 heures.

« The Affair »’ de c’ur et d’infidélité

Depuis le 26 novembre, Canal+Séries propose la saison 3 de The Affair, qui, à partir d’un argument apparent d’une rare banalité (un adultère), entrelace des points de vue, des temporalités et des milieux sociaux avec une tout aussi rare habileté. Finesse du portrait psychologique des personnages, évolution des intrigues amoureuses, paysages de Long Island, dans l’Etat de New York, réalisation subtile, tout, ici, concourt au plaisir intense de suivre l’évolution de tous ceux dont la vie va être bouleversée par le coup de foudre de deux êtres, Noah (Dominic West) et Alison (Ruth Wilson), jusqu’alors certains de ne jamais tromper leur conjoint respectif.

Pour ne pas « divulgâcher » une série qui doit être vue dès son premier épisode, et la saison 3 n’en étant qu’à son deuxième épisode à ce jour (le troisième épisode sera disponible ce mardi 6 décembre), l’on s’en tiendra à cette information : une nouvelle fait son apparition, cette saison, en la personne de la radieuse Irène Jacob, enseignante de littérature médiévale dans la même université que Noah’ M. De

The Affair, saison 3, série créée par Hagai Levi et Sarah Treem. Avec Dominic West, Ruth Wilson, Maura Tierney, Joshua Jackson, Irène Jacob (EU, 2014, 10 × 52 min). En multidiffusion et à la demande sur Canal+Séries.

Les « WorkinGirls » soignent par le rire

Dégagez les brancards, la troupe déjantée et irrévérencieuse des WorkinGirls est de retour’ aux urgences. Après avoir mis le feu, au propre comme au figuré, à leur entreprise, durant trois saisons, notre bande de furies a décidé de troquer le tailleur pour la blouse blanche.

Si le décor change, l’organigramme et les traits de caractère de nos piquantes héroïnes restent immuables. Ainsi retrouve-t-on, entre autres, Karine (Claude Perron), l’autoritaire et revêche chef du service des urgences. Déborah (Laurence Arné), l’ex-DRH devenue anesthésiste qui n’a rien perdu de sa nymphomanie. Tout au contraire. Et bien sûr les inénarrables Sophie (Alice Belaïdi) et Sophie (Clémence Faure). Fidèles à leur surnom de Peste et Choléra, les deux aides-soignantes glandeuses et « cailleras » ont fait de la morgue leur QG, d’où elles fomentent coups, arnaques et trafics en tout genre. Petite nouvelle de ce grand bazar médical : Eugénie (Nadia Roz), hôtesse d’accueil irascible, feignante et, de surcroît, hypocondriaque.

Portée par un scénario survitaminé de gags à gogo, d’humour trash, voire gore, et largement parsemé de multiples clins d »il aux séries médicales (Urgences ou Dr House), la petite troupe définitivement barrée s’en donne à c’ur joie dans l’impertinence. Une reconversion des plus réussies. Christine Rousseau

WorkinGirls, saison 4, série créée par Frank Bellocq, Béatrice Fournera et Eve-Sophie Santerre. Avec Claude Perron, Vanessa David, Laurence Arné, Alice Belaïdi’ (Fr., 2016, 10 × 11 min). Trois épisodes par soir, le lundi à 22 h 50 sur Canal+.

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