AC Havre RC Lens , après les incidents de janvier le procès des supporters renvoyé au 7 septembre

AC Havre  RC Lens , après les incidents de janvier le procès des supporters renvoyé au 7 septembre

« Réservé prévenus » pouvait-on lire ce mercredi après-midi sur les rangées de sièges du tribunal de Béthune. La quinzaine de supporters mis en cause pour des incidents avec la police et la dégradation de sièges en marge du match Havre AC RCLens le 30 janvier ont pris place. Une soixantaine de supporters a sagement attendu dans le fond de la salle d’audience bondée.

D’entrée de jeu, les avocats de la défense ont demandé le renvoi. En cause, les quatorze heures de vidéos de la police et du stade havrais qui sont illisibles sur la plupart des outils informatiques’ Restait à statuer sur le maintien ou non du contrôle judiciaire frappant les quinze supporters. Le procureur a requis le maintien de l’interdiction de se rendre aux abords de tout stade où le RC Lens jouerait, avec obligation de pointer au commissariat, ainsi que l’obligation de pointer lors des quatre matchs de l’Euro 2016 à Lens. Ce qui a fait bondir tous les avocats.

«
On vous demande là un pré-jugement, je suis choqué, s’emportait Me
Bruno Dubout. Il ne faut pas céder au parquet qui se prête là aux injonctions de l’administration qui ne sait pas comment gérer l’afflux de spectateurs pour l’Euro ! Vous n’êtes pas là pour être les valets des fantasmes de la préfecture. »

« Le vrai danger, ce sont les Anglais et les Gallois »

Les autres arguments se sont enchaînés, au fil des quinze plaidoiries. La situation professionnelle de certains prévenus : «
Ces gens ont un travail, vous leur demandez d’aller pointer en pleine journée pour des matchs dont certains ont lieu à 15 heures. » L’afflux de supporters étrangers plus « inquiétants » que les ultras lensois : «
Le vrai danger pour l’Euro, ce sont les Anglais et les Gallois. » Mais aussi la redondance de la sanction : «
Le contrôle judiciaire est inutile puisqu’ils sont interdits de stade par une mesure administrative, ils ne pourront de toute façon pas se rendre au stade. Pourquoi les priver de regarder le match à la télé pour certains en les obligeant à pointer au commissariat et à la gendarmerie pendant ces matchs
» Enfin, un avocat soulignait l’absurdité de cette obligation de pointer sans interdire en parallèle l’accès aux Fan zones’

Le procès est donc renvoyé au 7 septembre à 9 heures pour laisser la journée entière vu le nombre de prévenus. Le tribunal a prononcé pour tous les prévenus le maintien de l’interdiction de se rendre aux abords du stade Bollaert et dans tous les stades où jouerait le RC Lens, mais sans obligation de pointer au commissariat. Et pas un mot sur l’Euro.

Les Red Tigers souhaitaient saisir l’État

Le procès étant renvoyé, le fond n’a pas pu être abordé en détail lors de cette audience. Le jour même, on parlait de cannettes lancées vers les policiers puis de gaz lacrymogènes et tirs de flash-ball en réponse. Les avocats de la défense, eux, expliquent que les plus de quatorze heures de vidéos n’incriminent en rien leurs clients. Il faudra attendre septembre pour creuser. Même si plusieurs avocats ont justement qualifié ce dossier de «
creux
» voire «
vide
», «
qui va accoucher d’une souris
». Ils pointent par ailleurs du doigt la responsabilité de l’État dans ces heurts, de la décision de «
parquer
» les supporters à la réaction «
démesurée
» des services de police.

19 bombes lacrymogènes

«
Il y avait un pacte de non-agression entre les supporters havrais et lensois donc il n’y avait pas de danger. Le préfet avait décidé de ne pas prendre d’arrêté d’interdiction d’accès au stade alors qu’il y en a régulièrement pour les supporters lensois pour ce type de rencontre, posait Me
Détrez-Cambrai. Après quatre heures de route, on les a finalement parqués dans un endroit où il n’y avait ni lieu de restauration, ni sanitaires. À l’arrivée des deux bus, dès 12 h 28, le commissaire avait demandé à l’organisation de les laisser entrer tout de suite dans le stade. Mais l’organisation a refusé. On voit dans la procédure que dix-neuf bombes lacrymogènes et des tirs de flash-ball ont été lancés dans un lieu cloisonné’ L’association des Red Tigers avait d’ailleurs décidé de saisir l’État pour faire valoir le fait que la décision administrative s’est révélée contre-productive et dangereuse. En France, l’erreur est de mettre dans le même panier supporters ultras et hooligans. »
A. H.

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