À Cannes bain de merveilleux sur la Croisette ! Steven Spielberg au pays des rêves

À Cannes bain de merveilleux sur la Croisette ! Steven Spielberg au pays des rêves

Il y a Spielberg et Spielberg ! Il y a l’Américain bien tranquille, le golden boy, l’ardent défenseur de la Constitution ayant prêté allégeance à l’oncle Sam et au dieu dollar, le brave père de famille qui ne manque jamais de déployer la bannière étoilée.

Et puis il y a l’autre, le dingue de cinéma usant régulièrement de ce média pour panser ses blessures d’enfance, de celles qui ne cicatrisent jamais vraiment. L’ex-gamin prodige qui aime tant plonger dans le merveilleux et jouer avec la vie comme si elle était un conte de fées. Le Spielberg d’E. T., de Rencontres du troisième type, celui-là même qui osa un jour adapter Hergé à l’écran.

Au chevet du « Bon Gros Géant »

Le voilà aujourd’hui penché au chevet du BGG Le Bon Gros Géant , classique de la littérature enfantine sorti de l’imagination du romancier Roald Dahl à qui l’on doit Charlie et la chocolaterie sur lequel Tim Burton jeta son dévolu.

Le bon gros géant en question 7,50 m, pas si gros que ça mais super amical a le don d’entendre les secrets murmurés du monde. Le hasard place sur son chemin, et sous son aile protectrice, une petite orpheline insomniaque. Bien des péripéties émailleront le parcours de ces deux c’urs solitaires vivant en marge de la société.

Miamissime !

Sacrée aubaine pour un cinéaste qui ne cesse de creuser les thèmes de la différence et de la tolérance. Un géant souffre-douleur exerçant la profession d’attrapeur de rêves, une fillette solitaire. Leurs peurs et leurs douleurs, les traumatismes qui leur broient le c’ur. Un délicat mélange d’ombre de lumière, d’humour et d’émotion, d’intimisme et de spectaculaire.

Plaisir renforcé par la piquante novlangue le gobblefunk de Roald Dahl. On y papotine magierêve, épouvansonge. Les freluquettes riquiquites côtoient les Gobe-Gésiers. On se régale d’un divertissement autrement plus brillant que certaines uvres invitées à concourir pour la Palme d’or. Miamissime. Exqui-déli-savouricieux !

>>> Lire les étoiles de Cannes et le dossier consacré au Festival en cliquant ici.

Des nouvelles de la compétition

En lice pour la Palme, trois uvres, autant de visions d’un monde peint au fusain.

> « Mademoiselle »

Du réalisateur Park Chan-wook, on préfère se souvenir d’Old Boy que de Thirst, ceci est mon sang. Son nouveau long-métrage braqué sur la cupidité confirme qu’il n’y a plus grand-chose de neuf à attendre de ce cinéaste sud-coréen. Témoin, cette série rose saphique destiné à un public de pervers pépères. Son style botoxé, ses longs tunnels de dialogues explicatifs, son érotisme de pacotille valent leur pesant de cacahuètes. Sans même parler de son excessive durée (2 h 25). Baille, baille !

> « Toni Erdmann »

L’Allemande Maren Ade fait ici ses débuts dans la compétition. On se demande bien pourquoi. Durant 2 h 42, cette auteure, un temps assimilé à l’école de Berlin, scelle les retrouvailles entre un père un peu fantasque et sa carriériste de fille dont le boulot consiste à aider les entreprises à se passer d’une masse salariale trop encombrante. Le thème de la famille, prétexte à autopsier la société libérale d’aujourd’hui !

Pour ce faire, Maren Ade se pare d’un humour bavarois qui tend à peser sur l’estomac. Ici encore, le recours systématique au sexe glauque incite à s’interroger sur les motivations profondes des sélectionneurs en chef. Pour ne rien arranger, le film est d’une repoussante laideur.

> « Moi, Daniel Blake »

On croyait Ken Loach (notre photo) désormais soumis au régime général de la retraite. Fausse alerte. Il revient plus offensif que jamais avec un pamphlet sur la faillite du système social britannique. De l’art des autorités de trafiquer les statistiques du chômage. Soit le chemin de croix de deux demandeurs d’emploi qui se heurtent à l’absurdité administrative. Si manichéen et démagogique soit le scénario, il faut reconnaître que sa mise en scène, par sa sécheresse, a repris du poil de la bête. Rien à redire non plus du côté des acteurs, tous parfaits. PHL

Leave A Reply