Une dizaine de policiers tués en service ou en mission chaque année

Une dizaine de policiers tués en service ou en mission chaque année

Le Monde
| 14.06.2016 à 19h28
Mis à jour le
15.06.2016 à 12h23
|

Par Mathilde Damgé

Le décès du policier, tué, lundi 13 juin, avec sa compagne à Magnanville, dans les Yvelines, va entrer dans la sombre comptabilité de la mortalité policière pour 2016.

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Cette comptabilité se divise en deux parties : la catégorie « service », pour un décès ou un accident intervenant dans le cadre policier, mais hors d’une mission précise (mauvaise manipulation de l’arme de service, accident matériel de la circulation, décès durant les entraînements de sport, sur le trajet domicile travail, ou bien encore de manière fortuite).

L’autre catégorie, « mission », s’applique aux décès et accidents survenus en opération de police ou en service commandé, au cours desquels le fonctionnaire met en uvre les prérogatives attachées à sa fonction.

Relative stabilité des décès

Les chiffres de ces décès sont disponibles dans les statistiques des atteintes aux personnels et aux biens de la police nationale. Ceux pour l’année 2015 sont inédits et n’ont pas encore été publiés. Ils montrent une relative stabilité des décès « en mission », et une baisse des décès « en service » l’an dernier, par rapport aux années précédente.

Près d’un millier de blessés par an

Concernant les blessures, la différence entre 2014 et 2015 n’est pas non plus frappante. Elle pointe même vers une baisse des blessés en mission.

En revanche, on constate une évolution plus notable sur la dernière décennie : les blessures occasionnées dans le cadre de missions policières ont augmenté de plus d’un tiers (36 %) entre 2008 et 2015.

Sur les conditions de ces décès et blessures chez les policiers, le détail pour 2015 n’est pas encore disponible. Les années précédentes ont montré qu’une minorité des agents sont victimes de meurtres ou d’accidents par arme : 1 décès en 2014 (sur 11 morts), 555 blessés dont 64 en service (sur 12 450).

Méthodologie évolutive

Il est difficile toutefois d’appréhender les conditions de décès ou de blessures des policiers avec précision : concernant les blessures, par exemple, la distinction entre les missions de type « maintien de l’ordre » (sécurité lors d’une manifestation par exemple) et celles de type « anti-délinquance » (empêcher une infraction) a disparu en 2014.

Parmi les 12 450 agents blessés en 2014, plus de la moitié l’a été par un « autre procédé » (5 343) ou par un facteur « fortuit » (3 259), sans que le détail soit donné dans les rapports de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP), qui fait référence sur le sujet.

Considéré comme une attaque contre l’institution (le meurtre a été revendiqué par le groupe djihadiste Etat islamique), le décès du policier des Yvelines entrera ainsi dans la catégorie des morts « en service ».

Une méthodologie plus précise pourrait faire son retour, si l’on en croit le dernier rapport de l’ONDRP, dans le contexte d’un transfert du traitement des données au Service statistique ministériel de la sécurité intérieure et de l’apparition de cette agression inédite, au domicile d’un policier visé en tant que tel.

Selon une note du ministère de l’intérieur publiée en octobre (.PDF), les « policiers, militaires et assimilés » seraient deux fois plus victimes d’agressions physiques que les « professions intermédiaires de la santé et du travail social ».

Terrorisme : agressions contre les forces de sécurité, des précédents

Le meurtre d’un policier et de sa compagne lundi dans les Yvelines a connu des précédents dans le contexte terroriste des dernières années :

un sous-officier de l’armée de Terre est assassiné à bout portant en mars 2012 par Mohamed Merah, qui tue ensuite deux autres militaires à Montauban.des policiers en faction sont attaqués devant le commissariat de Joué-les-Tours aux cris d’« Allahu Akbar » avant d’être abattu en décembre 2014les attaques de janvier 2015 font deux morts dans les rangs policiers à Paris, une policière municipale est aussi tuée à Montrougeen janvier dernier, des policiers en faction devant le commissariat du XVIIIe arrondissement sont attaqués par un homme armé d’une feuille de boucher avant d’être abattu.

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