Attentats du 13 novembre , Salah Abdeslam mis en examen et placé à l’isolement à Fleury-Mérogis

Attentats du 13 novembre , Salah Abdeslam mis en examen et placé à l'isolement à Fleury-Mérogis

Salah Abdeslam, le principal suspect des attentats du 13 novembre, a été remis mercredi 27 avril par la Belgique à la justice française, en exécution du mandat d’arrêt européen délivré à son encontre le 19 mars par la France.

Il a été présenté mercredi après-midi aux juges d’instruction, qui lui ont notifié sa mise en examen, dans le cadre de l’enquête sur les attentats du 13 novembre, pour : « participation à une association de malfaiteurs terroriste en vue de la préparation d’un ou plusieurs crimes d’atteintes aux personnes », « assassinats et tentative d’assassinats en bande organisée en relation avec une entreprise terroriste » et « séquestration, sans libération volontaire avant le 7e jour, en vue de préparer ou faciliter la commission d’un crime ou d’un délit, commise en bande organisée, en relation avec une entreprise terroriste ».

Il a été placé en détention provisoire à la prison de Fleury-Mérogis, dans l’Essonne, comme l’a annoncé son avocat Frank Berton, précisant que son client avait affirmé vouloir s’exprimer « ultérieurement ». Il doit être entendu par les magistrats sur le fond du dossier le 20 mai, a-t-il ajouté.

Transfert en France organisé dans le plus grand secret

La remise de Salah Abdeslam, qui a été décidée par les magistrats instructeurs des deux pays il y a une dizaine de jours selon les informations du Monde, s’est organisée jusqu’à la dernière minute dans le plus grand secret. Ses propres avocats, le belge Sven Mary et le français Frank Berton, n’en ont été informés que mercredi matin, en même temps que la presse.

Escorté dans la nuit de mardi à mercredi par les autorités belges de la prison de Beveren, près d’Anvers, jusqu’à l’aéroport de Bruxelles, Salah Abdeslam a été pris en charge peu après 7 heures par un hélicoptère EC145 de la gendarmerie française accompagné de trois gendarmes d’élite du GIGN.

A son arrivée à l’aéroport de Villacoublay, peu après 9 heures, le Français de 26 ans s’est vu notifier le mandat d’arrêt délivré le 19 mars, soit le lendemain de son interpellation, par les juges d’instruction français. Il a ensuite été conduit au palais de justice par un convoi de trois véhicules banalisés, toujours accompagné de membres du GIGN.

« La justice est en route »

Pour l’avocat d’une trentaine de famille de victimes des attentats du 13 novembre, Jean Reinhart, la remise de Salah Abdeslam aux juges français « montre que la justice est en route. Tous ceux qui ont fait preuve d’impatience doivent se dire qu’aujourd’hui un des auteurs est devant les juges français ».

« Il faut faire confiance à la justice. En un peu plus de cinq mois, la coopération [entre la France et la Belgique ] qui a eu du mal à se mettre en place a été suffisamment efficace pour que l’ensemble des personnes qui y ont participé soient soit tuées soit arrêtées. (‘) Nous attendons qu’avec le temps, il [M. Abdeslam] parle. Nous ne croyons pas au miracle, nous ne croyons pas du tout en une coopération immédiate. »

Me Samia Maktouf, qui représente également des victimes des attentats, se réjouit de constater « que la coopération judiciaire européenne ait permis le transfèrement de Salah Abdeslam ». Elle espère surtout que le suspect « coopérera totalement et véritablement afin de permettre l’identification et l’interpellation d’autres membres actifs de cette cellule terroriste ». Elle attend toujours la remise à la France de Mohamed Abrini, le deuxième suspect des attentats du 13 novembre interpellé à Bruxelles.

« Une réelle volonté de s’expliquer »

Agé de 26 ans, Salah Abdeslam avait été arrêté le 18 mars à Molenbeek, dans la région de Bruxelles, après quatre mois de cavale, et incarcéré jusqu’à mercredi à la prison de Beveren, dans le nord de la Belgique.

Il a été mis en examen en Belgique pour « tentative de meurtres comme auteur ou coauteur » dans l’enquête sur la fusillade dans la commune bruxelloise de Forest le 15 mars. Une semaine avant les attentats qui ensanglantèrent la capitale belge, le 22 mars, une opération antiterroriste liée aux attentats du 13 novembre en France s’était soldée par des tirs contre les policiers, la mort d’un suspect, Mohamed Belkaid, et la fuite de deux autres. Salah Abdeslam était soupçonné d’être l’un d’eux.

Le dernier survivant du commando djihadiste qui a commis les attentats du 13 novembre sera défendu en France par l’avocat Frank Berton, qui constituera une équipe de défense avec l’avocat belge Sven Mary et un second avocat français, dont le nom n’a pas été communiqué. Frank Berton et Sven Mary ont rencontré Salah Abdeslam vendredi 22 avril pendant plus de deux heures à la prison de Beveren.

« J’ai rencontré une jeune homme abattu, qui a témoigné d’une réelle volonté de s’expliquer à la fois sur son parcours de radicalisation et sur les faits eux-mêmes : le 13 novembre, ainsi que les jours qui ont précédé et suivi, a déclaré M. Berton au Monde. S’il avait été dans une démarche de revendication, je ne l’aurais pas défendu. Mais il est d’accord pour aborder le fond et nous pouvons écrire une page intéressante de la justice, notamment pour les victimes : j’ai donc accepté d’être son avocat. »

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