Le sort du camp de migrants fixé au 12 octobre

Massés devant une petite salle, des dizaines de migrants et bénévoles piétinent. Ils attendent l’ouverture de l’audience au cours de laquelle le dossier qui les oppose à la municipalité et à des propriétaires privés est plaidé. Mais d’abord, il faut migrer vers une salle plus grande, qu’on pourrait dire à la hauteur de l’enjeu. Car dans la balance de la justice, il y a en effet le devenir du camp.

« Je ne sais pas comment je vais loger autant de monde en cas d’urgence »

Dans ce dossier, la municipalité a saisi le juge des référés pour demander la destruction des baraquements et tentes de fortune. Et pour Bertrand Cocq, le maire du village, il y a urgence : « 
Avec le démantèlement de Calais, on pense qu’ils vont affluer à Norrent-Fontes
 », assure-t-il. Il n’y a pas que ça qui inquiète l’élu. Son devoir sera de protéger les réfugiés des frimas de l’hiver « 
et je ne sais pas comment je vais loger autant de monde en cas d’urgence
 ». Une antienne, depuis son élection en 2014.

Pour l’instant, environ trois cents personnes vivent dans des tentes ou cabanons érigés sur une parcelle agricole privée et un terrain communal qui servirait à contenir les inondations. Au tribunal, la commune et le groupement agricole des Moulins des Bois font donc valoir leur droit de propriété. La plaidoirie de leur avocat est rude : « 
Aucun d’eux ne demande le statut de réfugié, il n’y a aucune volonté de s’insérer dans la société française puisqu’ils veulent rejoindre l’Angleterre
 », lâche maître Pambo. Ses mots provoquent frissons et hochements de tête chez les bénévoles. Dangerosité des passeurs, « réseau » de prostitution, insalubrité’ Tout y passe. « 
La situation est exécrable aujourd’hui, elle sera catastrophique demain
 », professe-t-il alors.

Cette parcelle n’a jamais été exploitée et n’est pas exploitable

Ses détracteurs ne sont évidemment pas d’accord. Et prônent « le pire que mieux » face à l’impassible juge. Les précédentes expulsions ont-elles solutionné le problème ‘ Négatif à Téteghem. Encore moins à Steenvorde. Et maître Bonnier de torpiller « 
les préoccupations de la mairie qui ne sont pas honnêtes intellectuellement
 ». Pour elle, démanteler, c’est déplacer le problème. Dans la rue. Sur la parcelle d’à côté. Mais toujours dans la misère. L’avocate n’est pas venue seule. Maître Dubout l’accompagne et dans leur mallette, ils ont un chapelet d’arguments et de décisions qu’elles soient européennes, françaises ou régionales. En verve, ce dernier en remet une couche : « 
Cette parcelle n’a jamais été exploitée et n’est pas exploitable (‘) Le GAEC a agi sous la pression de la mairie et de la préfecture », dit-il. Et ce qui bruissait jusqu’alors fait surface : la politique.

La juge des référés doit rendre sa décision le 12 octobre. Comme le glisse l’avocat, sa « 
robe est lourde
 ».

Leave A Reply