Gonnehem , le beau-père d’Antoine a profité de l’absence de ses codétenus pour se pendre

Gonnehem , le beau-père d'Antoine a profité de l'absence de ses codétenus pour se pendre

Ce n’est sans doute pas l’issue qu’auraient souhaité les proches d’Antoine Dupont, cet adolescent de 15 ans disparu le 28 janvier 2015 et retrouvé un an plus tard dans le canal de Beuvry. Marc Demeulemeester, son beau-père qui avait avoué le meurtre prémédité, ne sera jamais jugé. Il s’est donné la mort vendredi dernier à la maison d’arrêt de Charleville-Mézières. Il y avait été transféré «
depuis une semaine ou deux
», selon le procureur ardennais Laurent De Caigny. L’homme arrivait de Sequedin, où il était détenu depuis début mars ; son séjour carcéral y avait été marqué par une première tentative de suicide.

«
On nous avait signalé une personnalité psychique fragile
», qui avait justifié «
un suivi dès son arrivée, il n’y a eu aucune lacune de la part de la maison d’arrêt. D’ailleurs, le matin-même, ou du moins la veille, il avait vu le psychiatre.
» Lequel n’a rien soupçonné d’assez inquiétant dans l’attitude de son patient pour le faire hospitaliser.

L’action judiciaire s’éteint

Que s’est-il passé Après avoir tenté à plusieurs reprises d’entrer en contact avec la mère d’Antoine, Marc Demeulemeester a-t-il pris conscience de la gravité de ses actes De la froideur de son attitude il a avoué 14 mois après le crime et a participé activement aux recherches À 45 ans, redoutait-il la lourdeur d’une peine de prison On sait aussi que les tueurs d’enfants sont mal vus de la population carcérale…

Marc Demeulemeester partageait sa cellule avec deux codétenus. La maison d’arrêt de Charleville révèle une parenté avec celle de Béthune : ancienne, en centre-ville, à la différence près qu’elle n’offre qu’une capacité de 53 places, gage supposé de veille renforcée. «
Notre prison fait partie des dernières de France à disposer de cellules collectives, jusqu’à six détenus
», poursuit le procureur.

Ses codétenus étaient absents

Il est probable que le beau-père d’Antoine ait profité «
du seul moment
» propice à l’exécution de son projet. C’était l’heure du midi et ses codétenus travaillaient en cuisine. Selon les constatations, il s’est servi du câble du téléviseur. «
C’est un codétenu qui l’a découvert, rapidement d’ailleurs.
» Mais il était trop tard. Suivant la procédure, le corps a été transféré à l’institut médico-légal de Reims où il a été autopsié en début de semaine. Il devrait être rapidement rendu à la famille, dans un contexte émotionnel difficile.

Sur le plan judiciaire, l’action publique mais plusieurs semaines passeront encore avant la clôture de l’instruction. Ces prochains jours, le parquet de Charleville devrait transmettre «
un exemplaire du dossier de recherche des causes de la mort au parquet de Béthune
». Puis la juge d’instruction demandera au parquet de prendre des réquisitions, avant de rendre à son tour une ordonnance. Sans doute entre septembre et octobre.

Me Dubout: «Il leur a volé jusqu’au procès»

De tous les sentiments qu’éprouve Me Bruno Dubout, l’avocat béthunois de la mère d’Antoine, c’est la frustration qui domine. Contacté hier matin, il nous confiait : «
J’avais beaucoup de chose à demander à Marc Demeleumeester, et en premier lieu, des précisions sur le mobile de son acte.
» Les explications que l’avocat avait entendues jusqu’à maintenant par Marc Demeleumeester ne lui étaient pas «
satisfaisantes
».

Après avoir assisté à une reconstitution en juin dernier, Me
Bruno Dubout attendait les rapports des expertises psychiatriques sur le beau-père d’Antoine, qui doivent lui parvenir ces jours prochains.

Interrogé, l’avocat béthunois assure au fond «
ne pas être étonné de ce suicide
». «
C’était quelqu’un de déterminé
» mais aussi un homme au tempérament «
très froid
». Me Bruno Dubout fait référence à la reconstitution organisée par le juge d’instruction, fin juin, sur le bord du canal à Beuvry, non loin du pont qui permet de rejoindre le hameau de Gorre, là-même où le corps de l’adolescent avait été repêché.

Ce jour-là, «
il avait multiplié les détails, jusqu’à faire bouger la voiture à un mètre près’ ça m’a glacé !
», déclare l’avocat béthunois.

Depuis, Marc Demeleumeester avait cherché à plusieurs reprises et par différents moyens à entrer en contact avec la maman d’Antoine, son ancienne compagne. Sans succès, elle avait systématiquement refusé d’y répondre.

Avec ce suicide, Marc Demeleumeester s’en va avec ses réponses sans donner davantage d’explications aux proches d’Antoine que celles fournies jusqu’à présent.

«
Dans ce genre de dossier, les familles ont besoin d’un procès
» pour avancer dans leur travail de deuil, explique encore Me Dubout. «
Il leur a volé jusqu’au procès
».
D. C.

Hier, nous ne sommes pas parvenus à joindre Me
Fanny Malbrancq, avocate de Marc Demeulemeester.

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